Amaria Bagdhadli (Médecin du Centre Ressource Autisme de Montpellier) A. Bagdhadli nous a présenté les TED comme des troubles précoces, durables et extensifs, c’est-à-dire qu’ils touchent tout le fonctionnement de la personne (émotionnel, cognitif, linguistique). Elle a souligné l’importance du polymorphisme clinique et la forte diversité des évolutions et se demande dès lors s’il y a un lien entre les entités du spectre. Elle a rappelé l’âge du diagnotic : 3-6 ans, alors que la plupart des parents s’inquiètent avant. Elle rappelle l’importance d’écouter les parents et de travailler en interdisciplinarité. L’examen utilise le CIM 10 et le DSM IV, l’ADI R, l’ADOS G, le CARS. Il comporte un bilan psychologique, (à noter, comme technique d’entretien elle utilise le VINELAND (Vineland Social Maturity Scale) ), un bilan orthophonique (évaluer les compétences formelles expressives et évaluatives, la communication verbale et non verbale) et un bilan sensori-moteur. Il se fait sur deux jours.
Catherine Barthélémy (Professeur, CHU de Tours) C. Barthélémy nous a présenté un travail de recherche qu’on lui a demandé de conduire sur des enfants dans les années 80 et qui a été publié en 1992. Le but était de montrer que les troubles de réciprocités sociales étaient associés à d’autres troubles comme : l’attention, la perception, l’imitation, la motricité... Elle a noté que les troubles changent dans le temps, (imagerie cérébrale à 1, 3 et 6 ans) grâce à la mise en place de la TED : Thérapie d’Echange et du Développement. Les progrès sont plus ou moins rapides. Elle a conclu sur l’extrême diversité des profils.
Marie Christine Laznik (Psychanalyste) M C. Laznik travaille sur des films de bébés autistes. Ces bébés sont filmés avec leurs parents qui cherchent à accrocher le regard. Les réponses se font parfois et ce sont ces moments- là qu’elle cherche à comprendre : un intérêt tout particulier a été porté à la prosodie, les bébés étant sensibles à certaines voix. Même si elle ne croit pas en la responsabilité des parents, elle s’interroge sur les facteurs co-adjuvents.
Fabien Joly (Psychanalyste, psychologue, psychomotricien, coordonateur du CRA de Bourgogne) F. Joly a rappelé l’importance d’adapter les outils anglo-saxons utilisés par A. Bagdhadli au cas par cas (et non l’inverse !). Il a reconnu l’importance du diagnostic : depuis quelques années, sous la pression des parents informés, les psychiatres n’ont plus la possibilité de garder le silence. Il s’agit dès lors de mener une réflexion commune, de donner une carte d’identité aux parents et aux enfants. Le diagnostic est un point de départ. Il doit permettre une réflexion sur les émergences et les transformations de l’autisme. De plus, il faut contribuer à la diffusion du savoir, afin d’intervenir le plus tôt possible. Il faut aussi évaluer les compétences et les prises en charge. Enfin, il faut porter une attention toute particulière au triangle enfant/ parents/ professionnels.
Laurent Danon-Boileau (Psychanalyste au Centre Alfred Binet et chercheur au CNRS) L. Danon-Boileau part de ce qu’il ressent et table sur l’échange et l’objet. En nous faisant part d’exemples concrets de rencontres avec des enfants autistes, il nous a montré comment il hésitait entre une interprétation métaphorique des faits et une lecture concrète rattachée au fonctionnement mental de l’autiste. Son constat : l’enfant est capable d’embrayer quand on accepte de venir sur son terrain.
Mon opinion : Avant tout, il faut noter que pour les psychanalystes, Bettelheim n’est plus d’actualité. Tournons cette page. A. Bagdahdli a mis en lumière sa démarche de médecin, utilisant tous les outils à sa disposition pour cerner la réalité. J’ai apprécié sa volonté de mener un travail fin et interdisciplinaire. C. Barthélémy nous a montré à quel point son travail d’observation était approfondi et complet. Je regrette qu’elle n’ait pas montré la différence entre son approche actuelle et la recherche menée dans les années 8O. Peut-être est-il important de rappeler les évidences. L’approche de M.C. Laznik est légitime. Je suis étonnée qu’on ne cherche que dans la prosodie, la naissance de l’interaction bébé autiste/parents. Dans un des exemples montrés, le bébé qui ne répondait pas était aussi hypersollicité non seulement par la voix : reprise du prénom et insistance pour obtenir une réponse pendant plusieurs minutes mais aussi par les gestes : stimulation sensorielle avec le doigt au niveau du visage. Le bébé réagit plus facilement quand cette surenchère cesse. Dans un autre exemple, le bébé était complètement captivé par la lumière rouge de la caméra. Mais on s’est étonné qu’il ne réponde pas ! Apparemment, l’aspect sensoriel est peu exploité pour comprendre les réactions du bébé. Il me semble qu’on n’aidera les parents à entrer en interaction qu’en apprenant à découvrir le canal de communication de leur enfant ‘(un bébé était particulièrement sensible à la musique, mais cette piste n’a pas été exploitée)... Non, non, tout ne passe pas obligatoirement par la voix ou le regard... Enfin, j’ai apprécié la prudence de L. Danon-Boileau, qui observe, doute, reste au niveau des hypothèses. Cette prudence laisse augurer d’une approche plus juste et plus réaliste que ce que j’ai pu observer jusqu’à ce jour.
Panda