Page 1 sur 1

Phate : Retour d'expérience sur le 1er entretien (qui c'est [selon moi] mal passé)

Posté : 12 nov. 2015, 11:39
par Phate
Bonjour,

J'ai enfin fait la démarche auprès de la CRA pour me faire diagnostiquer. J'ai rempli un dossier assez long où, en plus d'informations personnelles, on me demandait d'expliquer certaines situations du quotidien. Ce questionnaire était très complet et on pouvait (presque) dire tout ce qu'on avait sur le cœur.
Mes anciens post sur ce forum : http://www.satedi.net/forum/viewtopic.php?f=16&t=7356

J'ai passé l'entretien (pour éclaircir certain point du formulaire), le psychiatre me posaient plusieurs questions.
Les questions étaient complètement différentes en fait, j'étais un peu prise de court....
Et je m'en veut beaucoup car il me posait des questions et je n'avais que très peu d'exemple sous la main... :'| alors que maintenant, en ayant le temps d'y réfléchir j'en ai plein... et plein de chose à dire
Et ça c'est passé comme ça pour les 3/4 de l'entretien... pas d'idée sur le moment...

Il me demande à quel degré je pensais être asperger... J'ai répondu que j'avais une suspicion plutôt forte.

Il me fait comprendre qu'il a besoin de mes parents pour égayer le diagnostic (j'ai refusée, je ne veux pas les culpabiliser [et leur laisser entendre qu'ils n'ont pas été capables de détecter que j’avais un problème enfant]). Le fait que je sois en couple est apparemment un élément qui pencherait en faveur que je ne sois pas asperger.
A l'issue de l'entretien il me fait comprendre qu'il ne pouvait pas poser son diagnostic pour le moment, que pour certain c'était évident mais que pour moi il fallait que je passe d'autres tests... et qu'il en discute avec son équipe. Et il me dit enfin qu'il ne peux pas surdiagnostiquer les patients (mais pourquoi il me précise ça ?) et qu'il faut d'autres éléments (comme le père, la mère et les autres tests).

Je suis sorti de l'entretien et j'ai été plutôt perdue, je pensais sortir en ayant le sentiment de "Ah oui il se peut que je sois autiste Asperger" ou "A ben non c'est pas ça, il faut que je me renseigne sur autre chose"
Mais là j'ai l'impression d'être revenu 6 ans en arrière et me poser la même question : "Pourquoi j'ai cette attitude au quotidien et envers les gens" ?


.... voilà

Re: Phate : Retour d'expérience sur le 1er entretien (qui c'est [selon moi] mal passé)

Posté : 22 sept. 2016, 10:49
par Phate
Je réponds un peu tard...

mais merci pour ta réponse, elle m'a aidée à réfléchir

Re: Phate : Retour d'expérience sur le 1er entretien (qui c'est [selon moi] mal passé)

Posté : 24 sept. 2016, 11:52
par manu
Phate a écrit :Il me fait comprendre qu'il a besoin de mes parents pour égayer le diagnostic
Étayer, non?

C'est normal, l'autisme a été défini comme un trouble infantile, et les critères d'inclusion ou d'exclusion concernent l'enfant.
C'est pas qu'on ne soit plus autiste après, mais que le principe même d'autisme concerne des états observé chez l'enfant.

Je rappelle toujours pour ma part que l'autisme n'est pas encore défini comme un état, mais comme une unité de perception.
Un ensemble de psychiatre se met d'accord sur ce qu'il ont perçu d'enfants aux difficulté comparable ... d'après leurs observations!


=>Une vidéo est pointé ici, où l'on distingue par exemple les autistes "a trop de synapse" et les autistes "a trop peux de synapses".
=>Deux états opposable biologiquement, mais classé dans la même case "autisme". Cette vidéo parle aussi des autismes au pluriel, pour cette raison.



Mais je pense que tu as déjà une réponse très importante : Cliniquement tu es sur la frontière !
S'il n'y avait rien il aurait dis pas du tout.
Si c'était évident il aurait dis évidement.

Alors oui il y a des débats de spécialistes sur l'endroit où il devraient ou non placer la frontière, effectivement chacun a son entendement relativement aux critères, n’empêche que ça veux déjà dire "c'est pas illégitime de te poser la question".


Tu reste perdu? Mais tu sais, le mot autisme n'est pas une réponse, mais une question. Trop de synapse, pas assez, génétique parentale, mutation spontanée, choc d'une naissance prématuré (c'est une cause reconnu de l'autisme aussi), autre choses encore ...
Pour moi ce mot a permis de m'accorder le droit a ne pas être similaire, il expliquait des failles fonctionnelles terribles, et me permettait de penser plus loin. Je suis certainement ailleurs sur la frontière, non diagnostiqué, et probablement plus diagnosticable, en supposant que je l'ai été un jours. Je comprends cette recherche, je me pose toujours la question d'aller voir un CRA moi même, mais c'est pour moi une démarche contradictoire avec une "sur-adaptation" travaillé depuis bientôt 40 ans.




J'ai remonté l'historique de tes messages (très superficiellement) et j'ai vu qu'emmanuel (data donc, ou dubrul) avait critiqué le score au test internet.
Je crois qu'il a absolument raison.
Ceux qui sont avec la plus grande évidence très dans les critères autistiques y voient forcement une sorte de moyen de déclarer tout le monde autiste.
Moi j'ai dans les 180/60 ... mais j'ai aucune idée de la norme quant je réponds : "êtes vous stressé...", c'est une question relative au stress moyen, c'te blague, répondre oui c'est se sentir plus stressé que la norme, et non pas plus que la norme, sauf que si on est autiste on ne sais pas comment est la norme ... bref ce test répond juste a faite vous ce test en vous pensant autiste, et vue que c'est un test sur l'autisme ... :roll: C'est forcement n'importe quoi!

Mais d'un autre coté, si on prend donald triplett, le premier enfant diagnostiqué de toute l'histoire par léo Kaner et qui a eut une vie "normal" de banquier, et qu'on se pose la question a l'age adulte, rien ne dis que le diagnostique soit évident, qu'il ne passe pas lui même pour un usurpateur ... alors ...
D'où l'importance d'avoir des témoignages sur l'enfance!
Phate a écrit :j'ai refusée, je ne veux pas les culpabiliser [et leur laisser entendre qu'ils n'ont pas été capables de détecter que j’avais un problème enfant
m**** à la culpabilité des parents! Il faut en finir avec ces idées ( désolé pour la virulence des propos, mais là j'ai pas envie d'y aller avec le dos de la cuillère. )
Hé, si c'est génétique ils ont eux même très certainement eu des difficultés, donc c'est normal que le seuil pathologique ne leur apparaissent pas forcement !
Et comment ils pourront le savoir un jour si toi tu ne les remmènes pas devant le doc'?
Et si t'as des enfants , à quelle moment il faudra se poser la question? Quant t'aura plus de parents?


Fait le! C'est le conseille que me suggère mes tripes. C'est dure, ça explose plein de choses, c'est le risque d'encore plus passer pour ... on ne sais pas trop quoi ... et je sais de quoi je parle ...

Mais puisque c'est un CRA, le type en face a une relativement bonne connaissance des choses, et besoin de repères fiables pour donner une indication.
Il t'as certainement fallu beaucoup de courage pour pousser sa porte, mais maintenant il faut aller au bout, pas s'arrêter au milieu du guai.

Et s'il ne te dis pas autiste ( diag préféré par bien du monde, on se demande bien pourquoi!?! :shock: ) Ca serra toujours une avancé pour répondre à ta question :
Phate a écrit :"Pourquoi j'ai cette attitude au quotidien et envers les gens" ?

Re: Phate : Retour d'expérience sur le 1er entretien (qui c'est [selon moi] mal passé)

Posté : 01 oct. 2016, 10:29
par manu
[Edité lourdement 02/10/2016 jusqu'à presque 20H.
C'est un message message extrêmement important à mes yeux, mais gorgé de défaut que j'essaye de coriger petit a petit]

Vic a écrit :Elle a un sérieux problème de perception de la réalité.
C'est le problème humain universel ; pour peut qu'on ait une once de sensibilité, la réalité fait mal!

Psychose et névrose sont des façon de faire face a cette difficulté, mais aussi des principes psychanalytiques :
Le névrosé la nécrose ce qui a été pensé, a coup de gomme si on compare a une chose écrite, de déni
Le psychotique refait ce qui a été pensé, raturant et réécrivant lui même par dessus la réalité
Le borderline est dans une zone limite où il peux passer de l'un a l'autre
Nouvelle a écrit :Le fait est que la norme, les êtres humains les plus nombreux, sont les personnes présentant un type de personnalité névrotique.
C'est une théorie, pas un fait.
On ne peux accepter ce type de classement que si on accepte les principes psychanalytiques ... en particulier le principe freudien de refoulé qui défini la névrose et la voudrait universelle sauf pour la psychose ...
C'est le sous entendu de cette théorie, que tout le monde refoule, c'est à dire nécrose sa propre pensée en rejetant ce qui dérange pour faire face aux réalités insupportable.
Freud étant un grand névrosé _ on le sait notamment grâce a Jung _ il a décidé que c'était un état normal qui toucherait la grande majorité, forcement.

Alors oui c'est un principe utilisé en psychiatrie, qui est complètement imprégné des concepts de Freud,
Mais non, ce n'est ni un fait établie ni la seule façon de voir les choses.


Donc l'humain sensible a du mal a penser la réalité qui blesse, c'est la base de toutes les théories sur les troubles mentaux.
( C'est pas incompatible avec les singularité ou impossibilités physiologiques mais c'est un autre sujet. )


Une autre façon de répartir les choses, tout aussi psychiatrique, est apparue avec la création du mot autisme.
Je la trouve moin simpliste, plus ouverte, et donc plus utile.
Voici un résumé, les sources sont dans "histoire de la notion d'autisme" sur wikipédia.


----- autre principe de répartition que le classique " névrose / psychose "

Dans le passé, vers 1900, tout trouble du rapport à la réalité est appelé schizophrénie, tout ce qui n'est pas "démence sénile".
Dans cet ensemble qui amalgame tout, un homme distingue plusieurs façon de faire face à la réalité lorsqu'elle deviens insupportable :
_l'écarter ou l'ignorer. C'est ce qu'il appelle l'autisme
_la reconstruire, il évoque des psychoses hallucinatoires de désir
_la fuir, par un comportement de désocialisation ou de plainte somatique rapprochée à l'hypocondrie
Cet homme, Bleuler, écrit tout ça en 1911 dans "la Démence précoce ou le groupe des schizophrénies" ( titre qui rappelle encore qu'on parle de tout ce qui n'est pas "démence sénile". )

Le mot autisme que vous utilisez est ainsi créé et défini.


----- Ce qu'implique cette répartition incluant la notion d'autisme

Donc, par définition étymologique et historique, l'autisme c'est le fait de faire une sélection dans la réalité, et de ne traiter, de ne penser, de n'écrire que ce qui peux l'être.
(L’écriture est la métaphore que j'utilise dans ce message pour parler de "ce qui arrive à la conscience" ).

C'est donc une troisième solution, pour faire face aux réalités blessantes, distincte de la névrose et de la psychose.

Selon cette définition, toujours, l'autisme permet ainsi de ne pas encombrer la conscience de choses à raturer ensuite, ou à réécrire, ça permet donc d'éviter la psychose ; mais ça permet aussi d'éviter de gommer pour effacer des bouts, ça permet donc aussi d'éviter la névrose.

C'est pas que ça immunise, ni que ça soit incompatible, mais c'est juste une autre stratégie, qui si elle est utilisé évite d'avoir recours aux autres.

L'autisme ainsi défini est donc aussi une méthode qui permet de traiter correctement ce qui peux l'être, et d'intégrer, d'écrire au mieux la part de réalité qui est traité.

La partie traité peu ainsi l'être avec une fidélité à toute épreuve, d'où le génie de certains autiste, mais ces individus géniaux peuvent aussi être inapte a intégrer une autre partie de la réalité.

C'est ça l'autisme, ou en tout cas c'est pour pointer ça que le mot autisme à été inventé.


---- la façon dont la notion d'autisme à évolué jusqu'à aujourd'hui

La suite ne me semble pas infirmer cette idée, elle précise juste que c'est l'affectif qui est tenu à distance chez l'enfant :

Quand on arrive en 1943 à l'étude clinique de référence, Léo Kaner utilise ce mot pour décrire un "trouble autistique du contact affectif".
Il parle d'enfants qui ont écarté, mis à distance, le rapport affectif, et c'est l'unique définition jusqu'en 1983 quand Lorna Wing présente la triade autistique, trois type de symptômes typiques applicables aussi aux petits professeurs décrits par Hans Asperger.

C'est toujours la définition actuelle, qui se passe donc du syndrome d'asperger puisqu’il est inclus, et regroupe deux des trois symptôme pour décrire un trouble de la communication et du rapport social d'une part, et intérêt restreints de l'autre.

Ce sont les effets de la mise a distance de ce qui est du domaine de l'affectif:
L'échange et la communication sont mis en échec a cause de cette part qui mis a distance par l'autiste de ce qu'il peux traiter du monde.
C'est toujours par définition l'affect qui est mis a distance. Ça rend les rapports à l'autre problématique, mais l’intellect fonctionnant en sécurité quant il est loin de tout ça se développe sur des sujets qui sont protégés.
Trouble de la communication et intérêts restreins, Les deux symptômes du DSM V.

Pour moi c'est simple :
L'autisme est défini par les effets chez les enfants de la mise a l'écart de ce qui est du domaine de l'affectif dans le traitement intellectuel.
Chaque mot importe dans cette phrase. L'affect est écarté, enfant, du traitement intellectuel. Mais il reste présent en dedans cet affect, et les sujet rationnel sont traité avec l'intensité qui manque à l'expression affective. C'est ça le syndrome d'asperger, et ça s’emboîte parfaitement dans les différentes définitions de l'autisme au cours de l'histoire, comme l'a démontré Lorna Wing en mettant en évidence l'unité de symptôme qui fait la définition actuelle.


---- retour au sujet des messages


Phate, si tu te pense autiste, tu signifie que les affects sont pour toi indigestes.
Tu as envie d'autre comme tout le monde, besoin de social comme tout le monde, mais la réalité des affects te blesse.
Voilà qui répond aussi a nouvelle sur le "pourquoi changer" ... alors même que la réponse suit "3) par ce qu'on en as besoin".


Besoin humain, besoin d'humain, mais impossibilité plus ou moins partielle par ce que la réalité des affects nous submerge, pourrait nous noyer.
Alors on nage à la surface des affects, sur la ligne de flottaison, mais on a pas les mêmes, ni entre nous, ni avec les autres, ceux qui nagent a une surface moyenne et compatibles entre eux.


Voilà l'autisme tel que je l'ai compris après plusieurs années de recherche, comme un intérêt restreins, et tel que je le sais applicable à mon cas.
Il est ainsi applicable a chacun si on ne définis pas le seuil du "pathologique", alors je comprends parfaitement que je puisse être "exclus de l'autisme".


Phate, est-ce que tu comprend cette approche, et est-ce que tu te sent autiste selon cette approche?

Re: Phate : Retour d'expérience sur le 1er entretien (qui c'est [selon moi] mal passé)

Posté : 30 oct. 2016, 12:45
par manu
La définition de l'autisme est faites et transformé par des neurotypiques pour définir une unité de différence relativement à eux même.
L'autisme définie donc une unité de dysfonctionnement selon des critères neurotypiques, observables et évolutifs.


Il existe une guerre terrible sur l’emplacement de la frontière pour savoir ce qui doit être inclus ou exclus. Pour moi tes messages en donnent quelques clichés, au sens de photo de différents point de vue comme pour un reportage de guerre.


_Jacques Hochmann n'est pas a ma connaissance un spécialiste reconnue pour autre chose que pour avoir réunis des information historique un livre intitulé De l'enfant sauvage aux troubles envahissants du développement. Livre qui rapportes pleins de faits, mais dont le rattachement a l'autisme a été discuté.
Contrairement à Laurent Morton par exemple, c'est pas un spécialise reconnu des recherches scientifiques actuelles dans le domaine, seulement des faits passé éventuellement rattachables, mais son point de vue doit être assez représentatifs d'autres dans cette guerre.

_ Des neuro-psy trouvent que la frontière inclus trop, des exemples posent la question de l'inclusion possible ou pas, deux autres photo qui prouvent la réalité des conflits.

_ Un regard de badaud ensuite, qui brasse des clichés, et qui est lui même un cliché, une photo, un instantané.


Pour moi ça prouve qu'une guerre a bien lieu pour déplacer les frontières du mot autisme.
Mais ça ne changera jamais l'histoire du mot, et donc du territoire virtuel, intellectuel, qu'il a pu avoir dans le passé.


Ce qui est triste dans tout ça, c'est que ceux qui veulent juste essayer de présenter une singularité apparenté, proche ou lointaine, se retrouvent sur une ligne de front, mitraillé par les uns et les autres.
Ils deviennent la chaire a canon d'une guerre débile, qui repose sur l'unité présumé du territoire autistique, qui comme tout territoire est une agglomération de sous territoires distincts.

Ce territoire a une histoire que je résume dans mon dernier messages, mais on apprend plus en multipliant les mots. TED, haut niveau, Asperger, kanner, attypique ou prototypique, chaque notion désigne un territoire distinct, et peut importe ce qui est officiel et actuel, aucun mot ne dira jamais de quel façon tel ou tel autiste est singulier.


Umberto Eco, sémiologue reconnu, explique ce qu'est un mot : un code qui tente de faire référence chez les uns et les autres a un même objet.
Le mot "ici" on le comprends, mais c'est flou. Le mot "autisme" c'est pareil, on le comprend mais la limite est flou, on se bat pour savoir si là on est encore "ici" ou si on ne l'est plus. Et plus ce territoire est en guerre, plus les limites sont discutées, et moins le mot a de sens.


Mais les sens passés, même disparu comme le mot asperger, pointent toujours un endroit relativement précis.
Si je dis autiste ou pas au sens de bleuler en 1911, ou de Kanner, ou d'Asperger, ou de Lorna Wing, ou du DSM V, avec une valeur coté communication et une autre coté centre d'intérêt stéréotypé, alors chaque fois je précise "l'endroit autistique" que je désigne.



Et au lieu de s'en réjouir on continue a se battre pour tout englober dans un seul mots, comme le pointent ces 3 derniers post, à inclure ou à exclure catégoriquement selon son point de vue, ce qui a pour effet de broyer les possibilités d'exprimer les singularités de chacun dans la manœuvre.
Voilà précisément ce qui crée les problèmes présentés par nouvelle ici