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Quand je suis arrivée sur SAtedI, je venais de me faire
expulsée de Asperger Aide France sans motif et à mon insu.
J'avais, auparavant, fait plusieurs demandes d'aide auprès de l'équipe qui dirige mais je n'avais pas reçu d'assistance. De cette époque, Josef qui y était est resté un ami. Il avait répondu présent à tous mes appels à l'aide qui étaient autant de galères à vivre.
Parallèlement, je cherchais de l'aide à l'extérieur par tous les moyens possibles et imaginables
qui étaient à ma portée. C'est là que j'ai entrepris de me faire diagnostiquée. Le parcours fut si cahotique, décevant et lassant que j'ai fini par renoncer. Les médecins avec qui j'étais entrée en contact ont eu une attitude si peu adaptée (peu compréhensive ou pas humaine) envers mon état de souffrance et mes tentatives pour m'expliquer que j'ai eu fini par laisser tomber le milieu médical; j'ai atterri au
CPM (lequel je considère comme un
milieu administrativo-médical). C'e n'était pas vraiment un 1er choix mais j'y suis allée par défaut de mieux. J'ai accepté de me plier à la procédure, ai commencé à parler de ma situation (en étant inquiète de le faire), j'ai fait un bilan avec une psychologue puis j'ai quitté.
Je reprends:
arrivée sur SAtedI, j'étais choquée et dans l'incompréhension de pourquoi j'avais été ostracisée par AAF.
Ici, j'ai reçu un bon accueil et j'ai duré. Non pas sans la gentillesse d'un membre qui m'a repêchée au moment où j'étais au plus mal et où je me préparais à quitter.
Donc, quand j'ai vu que quelqu'un tenait à moi, sur SAtedI, je suis restée. (parce qu'il m'avait dit explicitement ce que ma participation apportait et de ne pas partir).
Chronologiquement, mon action a été de lire les forums, plus tard j'ai commencé à écrire sur mes problèmes -à la recherche de solutions- , puis j'ai fais des animations dont l'élection de Mr ou Miss Avatar.
Ce fut dur à organiser mais c'était gai. Enfin, j'ai écris pour aider les autres. Et j'ai organisé une 1ère sortie franco-belge en Belgique. Ce fut une visite du musée de l'Afrique centrale (pour voir mes "congénères" les rhinos). La 2ème sortie fut belgo-française et s'est déroulée l'an dernier en France: visite commentée du quartier Saint-Germain-Des-Prés. Aux 2 occasions: la sortie fut accompagnée d'une seconde journée entre-nous pour visiter la ville et profiter de notre présence les uns-les-autres.
La première fois où je suis arrivée à parler de ma situation grave, sur le Forum,
cela a pris beaucoup de temps. Je voulais me faire aider mais je ne savais pas comment décrire ma situation qui était impossible. Puis, une dame a posté quelque chose à quoi j'ai pu m'identifier par un aspect. J'ai voulu lui répondre pour entrer en dialogue et peut-être aider. C'est ainsi que j'ai fini par exposer l'indicible.
Quelques temps après mon arrivée sur SAtedI j'ai commencé une psychothérapie. Avec la thérapeute, nous nous étions co-optées (= choisies mutuellement).
C'est par hasard (
dans le temps mais pas en esprit ), que je l'avais trouvée ou plutôt c'est elle qui m'a trouvée (elle m'a téléphoné, invitée à venir (relancée) pendant plusieurs séances car à l'époque je ne savais pas respecter un rdv -
ma vie de recluse avait détruit les schémas de socialisation que j'avais + ou - acquis antérieurement. La dame thérapeute exerçait bénévolement dans un centre d'aide pour sans-abris ou pour les personnes destituées. Et nous avons travaillé ensemble (gratuitement) pendant 1 an 1/2. Ce fut dur mais salutaire. Je me souviens qu'il m'arrivait d'être en désaccord avec ce qu'elle pensait, cependant, je sentais qu'il y avait de la place pour un désaccord d'opinion dans notre relation. C'est aussi comme ça que je suis restée.
J'ai appris, ainsi, à composer avec l'autre & avec moi-même. Ce fut douloureux et *empowering (connait pas le mot en français).
Au pire moment de ma vie de couple:
j'ai écris ma situation de crise sur SAtedI. Quelques-uns m'ont soutenue, conseillée avec attention et franchise. Cela m'a aidé à tenir également par après quand mon feu-compagnon s'est suicidé.
- - -Paix en son âme.
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Pour moi SAtedI c'est ma famille adoptive. En tout cas, c'est la famille que je me suis choisie (et c'est réciproque).
J'ai grandi avec en âme et en compétence.
Cela a été possible aussi parce que j'ai été touchée par 1, 2, 3 personnes en particulier et que cet élan m'a donné l'envie de dialoguer avec ces personnes. Au fil du temps, j'ai construit des relations qui durent. Avec l'un d'entre-vous j'ai aidé comme l'aurait fait une tutrice ou une tante. Je me suis investie personnellement, j'ai organisé des rencontres à Paris pour qu'on passe du temps ensemble et pour qu'on apprenne à se connaître. Je l'ai eu fais par sympathie (=sentiment amical a-priori, bienveillance pro-active). A cause du profil de cette personne, j'ai eu envie de partager j'étais. Et je savais que cette expérience lui donnerait confiance socialement et donc personnellement. Depuis lors, nous sommes amis. Je n'ai plus de rôle à jouer envers elle -elle est indépendante- mais je suis là pour elle quand elle a besoin.
Grâce à SAtedI, j'ai connu ou rencontré des personnes de valeur, que j'apprécie, que j'estime. Même si je ne suis plus en contact avec certains.
Sinon, j'ai également connu
des moments de colère: lorsqu'une personne dévouée et qui avait toujours participé avec discernement et pragmatiquement au Forum fut victime d'une "chasse aux sorcières". Des personnes s'étaient liguées par mp pour la discréditée.Le motif en était qu'il l'a soupçonnait de ne pas être autiste mais NT. Bref, des c********s, quoi!
On m'avait appris 1 règle d'or: qu'il ne faut jamais décourager quelqu'un qui veut aider ! (même si à vos yeux c'est pas ça: ne pas dévaluer sa personne ni mépriser son intention louable).
J'ai aussi eu des émotions intenses: lorsque l'un d'entre-vous a publié quelques uns de ses poèmes. J'ai été touchée si profondément que j'en souffrais de joie. Puis, il a disparu. Je l'ai appelé pendant des mois, années via des messages dédicacés sur le Forum, puis il est revenu Pour s'effacer de nouveau. Cette fois j'ai compris: cette personne vit -c'est le + important.
Ma vie a changé, mes attaches aussi, mes projets aussi.
Je suis toujours en devenir ce qui créé des tensions existentielles.
Je ne suis pas apaisée mais je suis bien. Dès l'instant où ma vie antérieure fut rompue (avec la mort de mon feu-compagnon), j'ai retrouvé ma famille biologique. En retournant chez mon père j'ai dû apprendre à cohabiter avec lui. (merci aux bon conseils prodigués par l'un d'entre vous. Tes conseils justes ont touché ma tête qui pouvait entendre l'argument alors que mon coeur était noyé dans des considérations subjectives ou purement réactives). Du coup, j'ai appris à connaître mon père; mais, surtout nous avons pu définir un territoire de vie entre nous. Aujourd'hui, je sais que nous nous aimons. J'ai accepté de ne plus le juger. Il vit et c'est déjà beaucoup dans une famille ou la 1/2 des membres sont morts (dont les 3/4 par suicide).
ça m'a pris du temps de me convaincre que je ne me suiciderai pas. (dans mon cas, je crois que lorsqu'on baigne dans la "culture" du suicide on peut en venir naturellement à cette solution quand on souffre à l'extrême. Dit autrement, dans une famille où il y a eu beaucoup de membres qui se sont tués, la pratique peut devenir un reflexe (comme en héritage) si on ne décide pas de rompre avec cette réalité.
Bref, je me sens renforcée (parce que j'ai vécu, survécu et ai gagné en expériences profondes) mais je sais que je suis fragilisée. Et comme disait ma théra, c'est ce qui fait ma force.
Cette année, je me suis présentée pour faire partie du CA de SAtedI et j'ai été élue. C'est dans la continuité de mon engagement pour la vie et pour les personnes qui m'ont (ad)optée (TED, TSA).
Avant de vivre en recluse, des années durant, j'avais vécu parmi les NT, sans concession. Un milieu duquel j'ai appris -souvent à mes dépends- ; parfois dans la joie.
Et, j'ai choisi le milieu (ç-à-d TED) dans lequel j'allais me reformater pour savoir vivre socialement et personnellement. Cette phrase s'adresse aussi à ceux qui, à l'avenir seront tentés de m'exclure parce qu'ils trouveront que je ne suis pas comme eux. Bref, c'est en prévision d'une chasse aux sorcières n°2, qui sait?
Comme l'a écrit UB, je constate que je m'éloigne de l'autisme avec le temps. C'est parce que j'inscris la manière d'être humaine (dont l'autiste) dans le cercle de la vie. Quand on est humain on peut être autiste, on peut être autre: on est, tout simplement.
A vous d'apporter votre spécificité. La mienne n'efface en rien la vôtre. A vous de parler pour vous. C'est à cette condition que je vous verrai. Mes défauts feront, parfois, écran, mais ne vous découragez pas car vous pouvez vous faire entendre dans le forum.
Parfois, cela prend du temps. Il faut néanmoins, continuer, venir , rester relié. Car le jour où ça change pour de bon: nous serons présents et concernés. Je n'ai fait que dire:
il faut persévérer dans au moins 1 chose pour arriver quelque part; qu'il s'agisse de visiter SAtedI ou un autre lieu de vie humaine
*** Rien n'est plus dur que d'être humain. Rien n'est plus jouissif, parfois. ***
Nana
Enthousiasmée par Les Royaumes Démoniaques de Christopher Evrard https://lstu.fr/les-royaumes-demoniaques-amazon