Implicite

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samoju
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Enregistré le : 27 juin 2005, 23:02

Implicite

Message par samoju »

voici un texte intéressant

Reconnaître les implicites et développer une attitude interprétative
Jean-Pol Rocquet, PIUFM à Reims, IEN à Perpignan sud


Problématique
§ Comment l’école peut-elle susciter et développer un comportement de lecteur qui vise à rendre sensibles, sinon explicites, ces informations qui ne sont que supposées ?
§ Comment peut-on, dès lors qu’on travaille dans l’implicite en faire un objet de savoir ? Comment concilier le travail de compréhension qui vise à révéler le sens du texte, établi par les informations explicites et le travail d’interprétation qui fait que le sujet fait irruption dans le texte, pour se l’approprier ?
§ Comment concilier la tradition de l’institution (un enseignement de la langue écrite et de sa compréhension) avec un apprentissage de la lecture qui suppose interprétation ?
§ Dans quelles conditions les élèves exercent-ils leurs compétences à comprendre et interpréter ?


Le concept d’implicite
« La signification n’est pas donnée par le texte dont elle serait simplement extraite, elle est construite par le lecteur et varie donc autant en fonction de la base de connaissances et des stratégies du lecteur-compreneur qu’en fonction de l’information apportée. » (E Gombert)
Ce qui est implicite, par nature, n’est pas dit. Par économie, le discours oral ou écrit ne peut tout dire, ce qui est dit ou écrit procède de ce qu’est supposé connaître le lecteur.
Mais il existe plusieurs manières de dire qui en sous-entendent d’autres.
On peut distinguer ce qui est présupposé, ce qui est impliqué, et ce qui est sous-entendu.


Le présupposé est culturel
Le présupposé rend intelligible le message dès lors que ce qui est présupposé, c’est cet univers commun aux interlocuteurs, en situation, qui est partagé et qui n’a pas besoin d’être posé. Ce sont des informations non-dites parce qu’elles sont supposées être connues.
Elles permettent de comprendre l’univers dans lequel se déroule le récit. Par exemple : ce qui caractérise une sorcière, sa fonction, dans un conte, ou bien la personnification des animaux, ou encore l’organisation d’une famille. Ces présupposés font l’objet d’un travail d’élucidation. Parce qu’ils nous apparaissent évidents, certains présupposés culturels sont ignorés alors qu’ils restent très obscurs pour les enfants.

Exemple : “C’est la rentrée, le petit dernier d’Hélène a pleuré” présuppose que l’interlocuteur partage un certain nombre de connaissances sur un monde connu et commun avec le locuteur :
- la rentrée présuppose la connaissance du monde scolaire : l’organisation du temps (début septembre), de l’espace (l’école, espace public différent de l’espace familial privé) et des personnes (la famille et le personnel de l’école.)
- “le petit dernier d’Hélène” implique qu’Hélène a plusieurs enfants.
- “a pleuré” présuppose que l’émotion est ordinaire et attendue chez un jeune enfant. On peut même émettre l’hypothèse que cet enfant effectue sa première rentrée scolaire et qu’il est âgé de deux ou trois ans …


L’impliqué appelle une inférence souvent logique
Autrement dit, ce qui n’est pas énoncé est déduit. La déduction qui est opérée dans ce processus de lecture est appelée “inférence”. Il convient de faire prendre conscience que le texte procède par ellipses, que le lecteur doit comprendre ce qui n’est pas écrit et qui est impliqué. Certains élèves s’en tiennent à ce qui est « écrit dans le texte». Par exemple, ils ne sont pas en mesure d’inférer le sens d’un texte qui apparaît simple : « Jacques, Pierre et Paul marchent en file indienne. Pierre est devant, Paul est derrière. » Ce qui est impliqué, c’est que Jacques est au milieu.
Exemple : “Le petit dernier d’Hélène” implique qu’Hélène est une mère et que cette mère a plusieurs enfants. Cette information est construite par inférence.
L’inférence permet aussi des interprétations en fonction du contexte. Ainsi, si quelqu’un dit : “Cette année, Hélène a mis tous ses enfants dans la même école”, on déduit logiquement que les enfants d’Hélène, auparavant, n’étaient pas dans la même école, mais on peut également interpréter le message et induire que, cette année, Hélène gagnera du temps.

Il arrive que le locuteur cherche délibérément à influencer le lecteur en imposant certaines informations non dites mais forcément évidentes. Les messages contiennent des implicites qui mettent en cause la personne dans la relation.
Exemples : « Reprendrez-vous du café ? » implique que l’interlocuteur a déjà pris du café.
Quand l’élève répond à l’enseignant « Bien sûr, c’est encore moi qui doit payer pour les autres »


Le sous-entendu est intentionnel
C’est un implicite volontaire qui répond à des codes sociaux bien établis. Il suppose une connivence entre l’auteur et son lecteur. Il n’est pas certain que, dans un récit, les propos tenus par la mère d’un petit garçon qui porte des vêtements maculés de boue : « Et bien, tu es beau ! » soient entendus par antiphrase. L’ironie quand elle n’est pas perçue par les élèves est élucidée, même si l’effet perd en intérêt.
Une histoire drôle est fondée sur le sous-entendu. Mais pour que l’humour fonctionne, les interlocuteurs doivent partager un univers de référence et entendre sous le message.
“Maxime Legrand est un garçon de sept ans qui est très célèbre. On raconte qu’un jour que le pape se promenait dans Rome, tout le monde demandait : “Mais qui est donc ce petit homme habillé en blanc qui se trouve à côté de Maxime Legrand ?”

La publicité joue de l’implicite parfois jusqu’au paradoxe. « Ce film sans publicité vous est offert par … »
L’implicite peut révéler ce que l’auteur du propos voulait cacher. Un homme politique se défendant de faits qui lui étaient reprochés racontait « Ce sont des faits invraisemblables qui se sont produits il y a plus de quatorze ans »

Il y a également sous-entendu lorsqu’une information est posée comme “vraie” mais qu’elle est non-pertinente dans le contexte, ce qui amène l’interlocuteur à inférer une autre information. Un enseignant demande à son collègue : “A votre avis, Albert est-il intelligent ?” On lui répond : “Albert ? C’est un brave garçon !” La réponse ne semble pas pertinente : on ne demandait pas si Albert était brave. Mais cette réponse intentionnelle conduit l’enseignant à inférer qu’Albert n’est pas intelligent.


A l’école : compréhension, interprétation et signification
Le travail de lecture à l’école vise à assurer la compréhension (identification des mots, indices morphosyntaxiques, cohésion textuelle). Cette compréhension évite l’ambiguïté, réduit l’incertitude mais provoque souvent une vision univoque du texte.
Certains élèves s’arrêtent au sens littéral. Ils déchiffrent, comprennent mais sont incapables d’inférer.
Si on demande si Hélène a plusieurs enfants dans la phrase « Hélène a conduit son petit dernier à l’école », ils sont étonnés, cherchent l’information explicite et répondent « je ne sais pas » « on ne peut pas savoir, ce n’est pas marqué »
La compréhension qui vise à établir le sens premier du texte est indispensable mais insuffisante.



Une fois le sens littéral établi, le lecteur doit donner une « valeur » au texte, en le référant à la connaissance qu’il a du monde, en induisant les présupposés, en déduisant les impliqués, en élucidant les sous-entendus. Cette attribution de valeur, c’est ce qu’on nomme la signification du texte.


Inconnu992

Message par Inconnu992 »

Merci samoju d'avoir mis la lumière implicitement sur ce problème de compréhension des consignes....

J'ai trouvé et je trouve toujours un peu bizzare que j'intègre rapidement des informations tournés sur un registre impértaif(citons l'article 1132 du code civil"les conevntions tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites.elles doivent être exécutés de bonne foi")

Ou même la moral"on ne mélange pas vie privée et vie professionnelle","la loi du plus fort est toujours la meilleure"," la loi libère,la liberté asservit"


Et d'autres phrases qui sont tournés de manière pas impérative,me troublent...

Es ce que la docterine actuelle de l'enseignement et l'éducation nationale ont conscience du fossé illustré par le texte de samoju?

Es ce qu'on va enfin réfléchir sur le sens même du contenu des ouvrages éducatifs,des programmes?


Es ce qu'on accepte l'existence de difficultés recurentes malgré l'accomplissement des cycles primaires,secondaires,supèrieur?

:wink:


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