SAtedI

mil22

Bon, la première émotion passée, je peux peut-être comprendre un peu d'où part ton amie.

Après tout, comme nous l'avons dit, il y a souvent un problème dans l'expression des sentiments. Il est possible aussi que la personne autiste doive apprendre la relation avec autrui, voire qu'autrui n'est pas un objet a des sentiments propres, et qu'autrui (NT) a besoin de recevoir des manifestations visibles d'affection. Ce n'est pas une impossibilité, mais un apprentissage moins spontané et plus lent que chez les enfants non-autistes.
Un jeune enfant qui ne montre aucune manifestation d'affection (traditionnelle : regard, calin, t'appeler par ton nom, venir vers toi...), qui semble te considérer de manière strictement utilitaire (prendre l'adulte par la main pour qu'il prenne un objet qu'il veut)... c'est vrai que ça doit surprendre et blesser à la longue un parent, et aussi un professionnel (surtout que lui voit plusieurs enfants comme ça). C'est peut-être usant pour elle de prendre soin d'eux et d'avoir l'impression de recevoir si peu en retour ; comme ils sont jeunes, ils n'ont peut-être pas encore fait cet apprentissage d'autrui.
Tu pourrais voir si elle n'a pas elle-même besoin d'aide en ce moment, si elle ne commence à souffrir de "burn-out" (épuisement, démotivation professionnelle ; ça arrive même aux meilleurs).

Il y a aussi une autre possibilité : elle a discuté de ce sujet avec toi de manière plus nuancée, mais tu n'as retenu que les phrases les plus blessantes ou tu les as interprétées de manière extrême. Ce n'est la faute d'aucune de vous deux. Tu pourrais rediscuter "à froid" avec elle de tout ça, en lui expliquant ce qui t'a choquée dans son discours, et en lui donnant une chance de se ré-expliquer, un droit de réponse.

Je crois quelle trouve en effet cela très dure présentement de s'investir autant dans son travail et d'avoir l'impression de ne pas etre ''aimer'' en retour. Il faut dire quelle est enceinte alors avec toute les hormones, c'est encore plus facile d'etre chambouler!

mon fils est ahn, il me fait me poser bc de questions, je ne suis jamais sûre de rien avec lui, de rien sauf d'une chose : il m'aime, et même il m'adore. Je ne peux pas le prouver par a+b, je n'ai pas d'arguments, je le sens c'est tout

Disons que l'on peut ressentir des émotions, mais pas avoir besoin de les exprimer come les autres.

En fait il y a un proverbe qui dit qu'on "tombe toujours du côté vers lequel on penche", et quand la vie ne favorise pas certaines émotions (ex: famille), on sombre facilement dans une forme d'insensibilité. Je sais que l'amoir familliale par exemple, ça ne représente rien par exemple.

On a déjà largement et généreusement répondu à vos questions, mais j'ai quand même envie d'y mettre ma patte! ^-^


Je suis Aspie, j'ai toujours entendu ma mère me dire qu'elle m'aimait et pourtant agir au contraire de ses mots.
J'ai découvert ce qu'était l'amour à 21 ans. Avant, je n'avais aucune idée de ce que c'était. Enfin... Ce qu'on m'en montrait ne semblait pas correspondre à l'idée que je m'en faisais, alors je me disais que je n'aurais jamais ce que je voulais, et que l'amour vrai n'existait pas.

A 21 ans, j'ai aimé. Parce que quelqu'un m'a montré de l'amour comme j'avais besoin de le vivre.

L'amour, c'est comme tout, ça s'apprend.

Ça fait maintenant 4 ans que j'aime incommensurablement. Tous types de personnes, dans tous types de relations, de toute sortes de manières.
Moi qui disais à ma mère que je l'aimais juste pour être tranquille ou qu'elle ne souffre pas trop par ma faute (c'est du pareil au même, d'ailleurs), j'ai appris à comprendre sa manière de donner de l'amour, et à le recevoir. J'ai commencé à lui dire vraiment que je l'aime (j'avais arrêté quelques temps, par honnêteté). Ça change beaucoup de choses. Peut-être ne se sent-elle aimée que depuis peu de temps, mais cet amour, je l'ai toujours porté en moi, j'ai juste appris à l'exprimer tardivement.

4 ans que j'aime. Et autant de temps que de plus en plus de gens m'aiment (je n'ai jamais vraiment eu d'amis, avant, bien sûr).
Apprendre à aimer, ça libère... Ou plutôt ca déclenche beaucoup de réactions-miroirs chez soi et chez les autres.

Mais ça s'enseigne aussi, et le meilleur moyen, c'est de trouver comment l'autre se sent aimé. C'est une question d'attitude, qui induit les actes de manière naturelle. Un parent veut toujours aimer son enfant, et pense le faire. Mais il ne se demande pas toujours si son enfant se sent aimé.
Or, pour les TEDs, se sentir aimé, et donc aimer, peut être aussi peu naturel (et difficile, et douloureux) que nombre de choses que les NT font sans même s'en rendre compte.

(Pfiu! Ça fait du bien de sortir tout ça à fins utiles! ^-^)

Merci.

Intéressant ce que tu écris Jane, tu n es pas la première à décrire cela.
J'ai observé un peu ce " modèle" chez mes enfants. Au départ leurs sentiments étaient " brut " et uniquement vécus par eux, sans aucune prise en compte de l autre. Normal quand on apprend un peu ce que signifie " problème de théorie de l esprit". Effectivement ils ont eu un apprentissage de mise en situation pour apprendre ce que l'autre ressentait, je ne voyais pas d'autre moyen de leur apprendre. Ils ont beaucoup avancé et ont des gestes spontanés d'amour.

A mon avis tout le monde aime a sa facon, alors certes un TED qui n'aime pas le contact le montrera differement, mais croyez moi il sait le faire montrer, a vous d'ouvrir les yeux et d'arreter de vouloir qu'un sentiment soit montrer d'une facon standard.