Bonjour,
Je ne sais pas si des témoignages te seront encore utiles.
Pour ma part, j'ai suivi une formation diplomante à l'université Paris XII de 2007 à 2009 en sciences de l'éducation et des sciences sociales. C'est au cours de mon cursus que j'ai mis un mot sur ma différence, que je gère comme je peux depuis 53 ans ou plutot près de 40 ans, âge de ma prise de conscience : Asperger. Un travail sur le portefuille de compétences m'a fortement intérrogée, sans compter les autres modules, bien sûr. Et la lecture d'un article de presse sur ce sujet m'a ouvert la piste du SA, où je me suis reconnue à 100%.
Par ailleurs, j'avais déjà suivi en 2002 une formation diplômante à 45 ans (BTS) mais c'était plus en autonomie et comme j'avais cumulé de l'expérience et des capacités, je remplissais mes manques à mon gré. J'étais moins confrontée à l'interprétation de contenus, d'autant qu'ils étaient disponibles et que nous organisions notre parcours selon nos besoins, en autonomie. Les formateurs étaient plutôt des régulateurs, des médiateurs, ce qui me convenait parfaitement.
Or, à la fac, ça a changé complètement. Ce n'étaient que des programmes à écouter où il était requis d'intervenir régulièrement, seul ou en travail de groupe (promotion de 10 étudiants). J'avais du mal à traduire ce qui se disait et à générer une réflexion pertinente, j'avais du mal à comprendre les consignes aussi bien orales qu'écrites, à jeter du sens, à faire des liens avec ce que je savais et ce qu'on m'apprenait, à construire, m'approprier le savoir. Je courrais pour un diplome universitaire de formateur d'adultes, jumelé avec une agrémentation PEI. Cette agrémentation s'est greffée sans que je l'ai choisie : en effet, j'avais retenu une formation à dimension européenne, qui venait d'être supprimée et d'office, les apprenants avaient été inscrits sur ce module. Si j'avais des doutes au début, bien sûr je ne le regrette pas parce que c'est une discipline captivante. Sauf que ça a eu le bonheur de me compliquer la tâche puisque le mémoire se positionnait à ce niveau. Sans compter que j'ai eu des problèmes avec mon ordinateur et que j'ai perdu tout mon travail. J'ai eu à jeter rapidement quelques données et éléments dont je me souvenais pour produire ce qui devait être ma soutenance. Sauf que ça m'avait pris énormément de temps pour lui donner de la signification et que là, rien n'allait plus bien sûr. Et bien sûr, les formateurs n'ont pas adhéré, quoique j'ai maladroitement tenté de leur expliquer la situation. Et le verdict est tombé : nul ou du moins la note minimum. Mais c'est moins la note que l'expérience qui a eu pour effet de complètement me déstabiliser, je dirais même de me dévaster. J'ai depuis, perdu tous repères, et moi qu'on disait très fin pédagogue, j'ai encore du mal à donner une dimension aux modules qu'on me confie. Souvent, mes stagiaires sont perplexes. Du reste, je les prépare à mes manquements. Je les rends le plus autonomes possibles, dès le début, pour qu'ils soient à même de prendre le relais quand je suis tout à coup en difficulté, pour qu'ils éprouvent par eux-mêmes le sujet que je leur soumets et, également, de s'aider mutuellement. Par bonheur, ça fonctionne. Mais j'ai hâte de reprendre pied, parce qu'en plus, toutes les statégies que j'avais mises en place depuis tant de décennies ont volées en éclat. Ensuite, moi qui ai tant besoin de routine pour commencer et organiser une journée, je suis larguée, j'ai du mal à mettre une pensée après l'autre, à me proposer des hypothèses de travail, à évoluer au cours de ma journée. Je suis exténuée de tourner en rond, j'ai un mal fou anticiper et à coordonner mes activités. Mes amis et mes collègues ne me reconnaissent plus. Sans compter que ces 2 années sont plus que fichues et que je ne sais pas comment les valider puisque je doute que ce parcours me soit favorable, tel qu'il est proposé. De plus, j'ai encore besoin de découvrir mon fonctionnement d'Aspie, ce qui marche et ce qui ne marche pas dans mes manières de faire. J'ai 53 ans, je souhaite plus cruellement que jamais valider mes compétences et je ne sais désormais pas comment faire. Mais je sais que pour commencer, je dois faire un travail accompagné sur moi, les choses viendront par elles-mêmes.
Bien sûr, j'ai pris des raccourcis, mais si ce témoignage peut vous aider et surtout, est encore d'actualité, n'hésitez pas à me joindre.
fsuzanne2@yahoo.fr.
Bon courage pour votre travail.
Cordialement,