C'est touchant de tous vous lire. Parmi vous, quelqu'un parlait de courage pour s'exprimer. Je ne sais pas si ça tient du courage. Peut-être. Peut-être aussi de l'humilité pour exposer de la sorte ses angoisses, ses humiliations, ses faiblesses et ce qui a construit sa force aussi, sans doute. Merci en tout cas, ça offre une lecture de nous-même. C'est généreux.
Je ne sais pas si mon expérience peut aider. Je ne suis pas encore diagnostiquée. Toutefois, ça fait 53 ans que je me construis tous les matins pour réinventer mes journées. Parce que suis toujours incapable de généraliser, de copier/coller une expérience. Personnellement, j'ai toujours su que j'étais "différente". Mais au contraire de beaucoup d'entre vous, j'ai moins galéré dans ma relation aux autres puisque j'ai ignoré le contact autant que faire se pouvait, avant d'avoir des clés suffisantes pour le faire. Car nommer la différence m'est récemment venu au cours d'une formation universitaire où j'ai perdu mes repères et où elle redevenait criante. La biographie d'une "aspie, reportée dans un magazine" m'a interpelée, puisque je me suis reconnue dans son expérience. En effet, j'ai toujours dû lutter pour être dans la réalité, en lien avec le quotidien mais aussi la projection avec le futur, et surtout en protégeant et en travaillant la construction de la relation avec les autres, familialement et socialement parlant. Mes parents n'ont jamais voulu entendre lorsque je demandais de l'aide parce que je n'arrivais à comprendre ce qui ce passait ou ce qu'on attendait de moi. Je me suis finalement mise en posture d'observatrice, évitant des confrontations "fatales" et douloureuses.
Alors, il a bien fallu que je me débrouille. Pour suivre, pour survivre.
J'ai du développer des outils pour décrypter et aider les autres à me décrypter, réduire l'ambiguité dans les 2 sens : dès que j'ai pû, je me suis intéressée à la psychanalyse parce que le psy qui me suivait pour une dépression ne m'aidait pas non plus. J'ai appris la prise de parole en public, je me suis intéressée aux langues et aux civilisations, qui offrent d'autres clés, imageries de la pensée humaine (anglais, arabe, langues africaines - j'ai même un dico de chinois). Je me suis initiée à la linguistique, initiée au décryptage de la pensée et de l'histoire religieuse (judéo-chrétienne, musulmane, shintoïste...), initiée à la PNL pour arriver à un début de décodage du non verbal...et je vous en passe. Juste pour arriver à comprendre ce qu'on me dit et pouvoir m'exprimer à mon tour. Dès que quelqu'un me parle, j'ouvre mentalement et consciemment mes registres et voilà. Mais souvent, il me faut du temps : je dois prendre du recul en plus parce qu'à brûle pourpoint, pas de solution. Alors quand on me parle, je réagis...le lendemain !
A l'école, la solitude et l'exaltation : pas de relation, pas d'amies. Je me concentrais sur mes études et j'écrivais des poèmes. Ce que les autres pensais de moi me faisais souffrir bien sûr et je souffrais de cet isolement mais je n'avais aucun levier pour amener le changement. Alors j'avais pris le parti d'endurer jusqu'à ce que le changement arrive tout seul. Depuis, j'ai appris à devancer un peu les choses, quoique mes entreprises ne soient pas toujours heureuses au niveau anticipation. Mais je ne suis plus dans la passivité. Par ailleurs, au delà des tocs que je cumulais et que j'ai toujours travaillé pour les cadrer, pour ne pas rajouter socialement à ma différence, j'essayais d'être cohérente à ma mesure : en cours d'anglais ou de français, j'alignais mes connaissances : comment on traduit telle ou telle idée en anglais ou en français. Puis toujours en cours de langues, je me suis initiée au grec et au latin, toute seule. ça m'est toujours utile aujourd'hui.
Et à ce jour, j'attends d'être diagnostiquée pour reprendre mes études ratée à la fac, mieux comprendre comment je fonctionne pour mieux rebondir. Parce que je suis très pragmatique et le discours philosophique me dépasse pas mal (formation en sciences de l'éducation et science sociale)
Voilà. Je sens que je manque de cohérence encore une fois mais j'espère que quelqu'uns d'entre vous arriveront à me lire. En tout cas, j'ai plaisir et grand intérêt à découvrir vos propos. Je souhaitais, si c'est possible, vous restituer un peu de ce que vous m'apportez...
Tu est aussi courageuse que nous,parce que malgré ton handicap non reconnue et parfois non accepté t'a comme disait churchill"composer,pratiquer"
Tu t'es intéressé au monde de manière à ce que le savoir permette de compenser le manque d'habileté social.Et que ce manque ne se manifeste plus visiblement puisque tu connaît de la culture.
Dans la philosophie j' ai trouver une certaine richesse humaine.Cette science m'a quand même apprit:rien n'est jamais universelle,figé.La diversité des théories,des travaux philosophiques m'a fait déduire que contrairement à ce qu'on pourrait croire en apparence,le monde n'est pas figé.
Tu est aussi né à une époque après guerre,dur,t'a connu beaucoup de changements.A l'époque on n'osait pas parler du handicap de ses enfants,ni même que les autres le remarque.C'était pas correct,et surtout que pour l'image de la famille ca en prennait en coup.Tu as du souffrir sous cette ordre moral,religieux,très très conservateur.
Mais même après quand y'a eut mai68,la liberation des moeurs, choc pétrolier,guerre froide...
Je trouve que te faire diagnosticer à 53ans,c'est une manière de reprendre la main.C'est peut être aussi une occasion d'apaisement:le fait qu'une poignée de personnes t'acceptent,te laissent le temps de te construire.
Je voulais revenir sur "l'humilité pour exposer ses angoisses,ses faiblesses"En fait l'idée c'est de travailler sur toi même pour être serrein mais en même temps aller vers les autres en fesant des activités ou tu montre plutot des points forts.Par ex je m'acharne à faire du vélo,je met en avant ma motivation,ma pugnacité pour gérer mon souffle,l'effort,m'hydrater au bon moment mais aussi me forcer pour donner le maximum,surtout dans des sections ou y'a des côtes de bitume et des chemins de terre avec des cailloux et des gravillons.
Je préfère ça au judo.Au judo y'a une faiblesse qui était mise en avant:c'est l'incapacité de donner de l'intensité dans mes prises(et papa dit que j'ai peur de faire mal,ça c'est possible).
Quand je vais dans des musées comme de l'art ou même sur la seconde guerre mondial(à arromanches en voyage de troisième,j'ai reconnu toutes les armes affichés,je connaissait tout les noms,même chose au musée d'omaha beach)Mais peut être que pour un civil d'en connaître trop sur la guerre,l'armement ca le fait pas.Je l'ai vu à ma journée d'appel,c'est pour ça aussi que ca m'a dégouté:le refus des militaires d'accepter qu'un civil en sache trop.Ca été comme une insulte et c'est ce que je reproche à l'état major des armées françaises.
Puis pour la police nationale,le contact que j'ai eut au forum des métiers n'a pas trouvé ca bizzare que j'ai le niveau de convers pour discuter boulot.J'avais vu pas mal de séries policières dessus:cordiers juges et flic,navarro,boulevard du palais,PJ,la crim,RIS police scientifique, New york section criminelle,commissaire moulin.