Bonjour à tous,
Certains d'entre vous me connaisse déjà un peu.
Comme la plupart des NT qui se sont inscrits dernièrement, je pensais que le forum était reservé, mais ce n'est pas une excuse valable, il suffisait d'y faire un tour pour voir que nous pouvions nous y inscrire aussi.
J'espère trouver du temps pour venir "bavarder" avec vous
je trouve si peu de temps de libre. Je veux quand même vous dire que ce que je trouve chouette ici c'est que vous y êtes vraiment vous mêmes et c'est justement cette authenticité que je recherche. Même si parfois cela peut nous destabiliser nous qui sommes qualifiés de NT (à vrai dire je me pose souvent la question en ce qui me concerne, en fait je me sens beaucoup trop différente de la plupart des personnes que je connais, qui elles par contre se ressemble tellement dans leur comportements, leur façon de penser et d'appréhender les choses... que je ne dois pas être aussi NT que cela, ce qui me demande parfois de gros efforts pour les comprendre et être acceptée).
Pour le "curriculum vitae" je m'appelle donc Isabelle, j'ai 31 ans, j'ai fait des études "médico-sociales" en vue de devenir éducatrice spécialisée (ce qui n'a pu aboutir mais ça c'est une autre histoire). Lorsque j'étais jeunes j'étais très attirée par les personnes autistes qui représentaient pour moi une intelligence différente mais mal reconnue. J'avais une vision des autistes très "limitées" comme la plupart des personnes, c'est à dire qu'un autiste pour moi ne parlait pas, se balançait, s'automutilait, n'entrait pas du tout en communication avec le monde "extérieur", mais je m'imaginais que c'était parceque ce monde "extérieur" ne leur convenait pas (ce qui ne doit pas être tout à fait faux), que ce monde était beaucoup trop superficiel, dur, méchant, égoïste, hypocrite... et que justement les autistes eux sont tout le contraire de cela. Je reprécise que c'est ce que je pensais avant...mais je pense toujours que le monde est ainsi et pas les autistes (contrairement à ce qui peut-être perçu, comme par exemple leur égocentrisme, non je crois au contraire que nous tous humains avont besoin de reconnaissance, d'être estimé, aimé... et les autistes aussi, alors s'ils parlent d'eux, ce n'est pas pour cela qu'ils en oublient les autres...ne faut-il pas s'aimer soit même pour aimer les autres ?).
Je pensais donc que c'était à cause de ce monde que les autistes étaient ainsi.
J'avais envie de les comprendre.
Et puis un jour aux informations, j'ai entendu parler d'un journal écrit par un autiste. Je me souviens très bien, j'étais jeune amoureuse à l'époque de celui qui est devenu mon mari et le père de mes enfants. Je me souviens très bien lui avoir dit "tu te rends compte, c'est formidable", moi qui disait souvent à mon futur mari "avoir un enfant autiste, c'est ce qu'il doit y avoir de plus difficile à vivre, ne pas pouvoir jouer, communiquer, aider, se sentir si démunie" merci Joeffrey !!! Merci de m'avoir ouvert un peu les yeux sur une autre réalité des autistes.
Mon mari, ah ! un homme formidable, tellement plein de qualités humaines, et tellement différents des autres. Une différence qui m'a plu mais qui après les premiers mois de "passion" m'a destabilisée. Mais tellement d'amour entre nous. Après tout me suis-je dit, je ne suis pas facile moi même alors à moi de faire des efforts. Mon mari qui me disait "moi je veux quelqu'un qui vive avec moi dans ma bulle"
Et puis notre premier enfant, Rémi (en 1996), qui dès qu'il a pu relever sa petite tête et se mettre sur le ventre, se balançait dans son lit, tant et tant qu'il a cassé un lit de voyage. Un enfant exceptionnel, pas une bêtise, d'une sagesse impressionante, rien de ce qu'on lit dans les livres. Il a parlé tôt, s'intéressait à la nature... mais sa sagesse, son trop grand sérieux pour un si petit garçon, sa timidité (même avec nous, il parlait mais répondait peu, peu de communication bilatérale), son anxiété, certaines de ses manies (dont ces balancements qui continue toujours d'ailleurs, il se met sur son lit par ex pour lire sur les genoux et d'avant en arrière...) ses rituels et ses obsessions. Tout cela m'a ammené à dire un jour "mon fils est peut-être autiste" mais malgré tout son "intelligence" me disait que je me trompais. Ma belle mère me disait "mais laissez le grandir" et puis c'est ce que nous avons fait, nous l'avons laissé grandir. Il a bien grandi d'ailleurs, à 5 ans il savait lire, seul, comment ??? Les instituteurs qui ont croisé son chemin, l'ont toujours trouvé "particulier" "marant", "anxieux" "renfermé" il passe son temps (et la plupart de ses récréations) à lire sur les sujets qui le passionnent (dinosaures, puis les civilisations inca, mayas... et égyptiennes).
Est arrivé Bastien et là, nous avons compris très vite que quelquechose n'était pas "normal"; il a fallu attendre ses 3 ans pour que le pédiatre prennent en considération nos peurs (troubles excessifs du sommeil, constipation, pleurs excessifs, retard puis arrêt du langage, et désintérêt pour nous, comme si nous n'existions pas, tout le monde disait de lui, c'est un gros fainéant, il est dans sa bulle...). rendez-vous chez un psyKKK "il n'est pas autiste..blablabla, dysharmonie..." renseignements pris par nous à droite et à gauche. Puis rendez vous chez un autre pédopsychiatre "Bastien est bien autiste" Il nous a dirigé vers le Professeur B. à Bordeaux. Et bien sûr maintenant nous n'avons plus de doute. Hésitation entre autiste de haut niveau et Asperger. Mais ça, on s'en fiche un peu en fait. Bastien nous a apporté beaucoup. C'est aussi beaucoup de bataille c'est sûr. A moi, il m'a également permis de comprendre mon mari (et son père), Rémi, et parfois un peu de moi aussi.
Voilà, j'aurai envie de vous en dire tellement encore mais ma présentation est presqu'un livre. J'espère que ce message ne vous paraîtra pas trop long.
Amitiés
Isabelle