[Jeff] Présentation
Posté : 31 août 2006, 23:11
Je viens de découvrir ce sujet de présentations, j'en profite pour y écrire un petit mot, après avoir déjà posté quelques messages sur le forum :
J'ai 26 ans, et j'ai découvert mon autisme de haut niveau il y a un an. En réalité, j'ai plutôt "mis un mot" sur mes problèmes, que découvert du jour au lendemain le phénomène.
Jusqu'à la fin de mon enfance, j'ai réellement été coupé du monde, en vivant dans ma bulle, sans avoir d'amis, ou très peu. J'ai toujours été plus ou moins le souffre douleur de la classe, et je me suis enfermé dans ma différence si bien que j'en accentuais volontairement les caractères pour me différencier encore plus. Mon comportement était réellement associal à cette époque. J'ai très mal vécu cette période, jusqu'à l'entrée au lycée où les choses ont commencé à changer.
A ce moment là, j'ai changé de ville et d'univers, et j'ai essayé de "tout reprendre à zéro" et de m'intégrer au maximum. Je suis entré dans une logique de défi, en me fixant des objectifs. ça a été une véritable guerre contre moi-même, avec des défis du type : entrer en contact avec telle ou telle personne, réussir à faire partie du groupe d'untel ou d'untel, etc...
Ce type de défi à été jusqu'à "sélectionner" la personne que je considérais comme la plus intouchable (le "leader" de la classe, ou telle ou telle personne bien vue par tous, extravertie, etc...) et me fixer comme objectif d'acquérir son estime. Sans aucun intérêt réel pour la personne au départ (l'intérêt venant au fur et à mesure que j'apprenais à la connaitre).
Et bizarrement, je suis passé du statut de "paria" à celui de quelqu'un de respecté, quoique toujours considéré comme différent. Cette différence n'était plus la même : j'étais considéré comme le "sage" de la classe, un peu à part mais intéressant quand même, à qui on demandait conseil sur telle ou telle chose, plutôt que comme le souffre-douleur que j'étais autrefois (j'ai toujours pris plaisir à accumuler des connaissances sur différents sujets, ce qui m'a donné cette image de "vieux sage de service", alors que ma culture est pourtant bien limitée par rapport à celle que beaucoup ont).
C'est à ce moment là que j'ai commencé à développer des amitiés très profondes, et que je conserve encore aujourd'hui.
J'ai continué par la suite à jouer à ce jeu de défis, qui est devenu naturel aujourd'hui, et qui fait partie de mon comportement de tous les jours. Si bien qu'en société, je joue un jeu et je suis rarement moi-même. Celà permet de s'adapter à des situations très différentes les unes des autres, et c'est parfois assez drôle dans la variété des rôles qu'on peut être amené à jouer dans la même journée.
Le problème essentiel, c'est que ce n'est pas viable sur le long terme : le masque tombe au bout d'un moment, et si on peut influer sur ses comportements, on ne peut pas changer sa nature.
Du côté des amours, c'est assez particulier ( voir mon message ici ).
Dans la vie de tous les jours, peu de gens remarquent mon autisme. Tous ceux qui me connaissent pour m'avoir cotoyé plus d'une heure me trouvent "différent", mais ne mettent pas de mot sur cette différence. J'ai appris à en jouer pour qu'elle passe du statut de désavantage à celui d'avantage, ce qui m'amène à passer pour quelqu'un de discret parfois, de posé, d'indépendant... Bref, on y met les mots qu'on veut, mais en réalité cette différence n'est pas autre chose que l'autisme.
Mon parcours personnel a été assez unique à partir du moment où j'ai quitté les études. J'ai commencé par travailler comme salarié, sans succès (je n'arrive pas à m'adapter à un groupe, et j'ai d'affreux problèmes avec l'autorité, étant donné que j'ai du mal à interpréter les sigaux donnés par les gens, et que je suis très susceptible aux critiques). J'ai commencé à travailler seul, à mon compte, après une période de chômage, en créant des sites internet pour des sociétés que je connaissais, mais c'est bien vite tourné en rond... avant que j'entre en contact avec plusieurs agences de communication, avec lesquelles je travaille maintenant en sous-traitance depuis plusieurs années.
Je suis quasiment incapable de prendre en charge un travail en direct avec un client : rien que le fait d'être au téléphone avec un inconnu est un supplice, alors autant oublier d'essayer de placer des arguments commerciaux... Je suis tout sauf un bon commercial !
Alors le travail en sous-traitance avec des gens que l'on connaît est la meilleure des choses : pas d'inconnus dont n'apréhende les réactions et le mode de fonctionnement, pas de téléphone avec des clients, et moins de difficulté à communiquer car une agence de communication connaît son travail, ce qui n'est pas le cas d'un client final (la société X ou Y qui a besoin d'un site internet n'y connaît en général rien au sujet, et va imposer des choses infaisables, ou rien n'y comprendre du tout...).
En 2004, j'ai fait la folie de partir à l'étranger avec un ami, avec qui je travaillais. Une folie qui a été déclanchée par un ras le bol général, et une envie de prendre radicalement de l'air. Nous sommes partis en Roumanie en juillet 2004, (connaissant quelques personnes là bas, et ayant des liens personnels avec le pays), sans savoir si nous allions rester ou non.
Celà fait maintenant 2 années que je vis à Bucarest, et je suis maintenant autant attaché à la Roumanie que je le suis à la France (pour le moment, je suis en vacances en France, je repars en septembre).
Bref, je suis vraiment content de ce coup de folie, et c'est pour moi une deuxième vie, comme un monde nouveau où se faire une place.
Je pourrais parler des heures de ce pays et de ses habitants (bien plus faciles de contact que les français, mais le fait d'être étranger y est pour quelque chose aussi). Pour faire bref, il faut juste savoir que ce pays n'a rien à voir avec les clichés qui circulent, et qu'il a énormément changé depuis la chûte de la dictature...
Je parle la langue de mieux en mieux, bien que mon niveau en grammaire soit encore assez faible...
Je travaille toujours pour les mêmes clients, à distance comme je le faisais avant, et puis aussi sur des projets personnels.
Mon ami qui était venu avec moi va partir vivre à Londres en janvier, avec la personne avec laquelle il partage maintenant sa vie.
A coté de ça, je fais de la photo à titre de loisir, et depuis peu je commence à vendre des photos par l'intermédiaires d'agences, et j'éspère pouvoir développer cette activité.
Le fait de rester toute la journée devant un ordinateur est pesant, et il y a certaines périodes où j'ai réellement besoin de prendre l'air. La photo est idéale pour ça, surtout pour nous : c'est une activité qui est à la fois solitaire et qui permet en même temps de s'ouvrir sur le monde !
Je suis désolé d'avoir été aussi long, je voulais donner une image compréhensible de mon parcours, qui permet de comprendre un peu qui je suis ! Merci de votre accueil.
PS : Je recherche des contacts avec qui parler de l'autisme aussi bien que de tout et de rien. Envoyez-moi un message privé, et je vous répondrai avec mon adresse MSN
J'ai 26 ans, et j'ai découvert mon autisme de haut niveau il y a un an. En réalité, j'ai plutôt "mis un mot" sur mes problèmes, que découvert du jour au lendemain le phénomène.
Jusqu'à la fin de mon enfance, j'ai réellement été coupé du monde, en vivant dans ma bulle, sans avoir d'amis, ou très peu. J'ai toujours été plus ou moins le souffre douleur de la classe, et je me suis enfermé dans ma différence si bien que j'en accentuais volontairement les caractères pour me différencier encore plus. Mon comportement était réellement associal à cette époque. J'ai très mal vécu cette période, jusqu'à l'entrée au lycée où les choses ont commencé à changer.
A ce moment là, j'ai changé de ville et d'univers, et j'ai essayé de "tout reprendre à zéro" et de m'intégrer au maximum. Je suis entré dans une logique de défi, en me fixant des objectifs. ça a été une véritable guerre contre moi-même, avec des défis du type : entrer en contact avec telle ou telle personne, réussir à faire partie du groupe d'untel ou d'untel, etc...
Ce type de défi à été jusqu'à "sélectionner" la personne que je considérais comme la plus intouchable (le "leader" de la classe, ou telle ou telle personne bien vue par tous, extravertie, etc...) et me fixer comme objectif d'acquérir son estime. Sans aucun intérêt réel pour la personne au départ (l'intérêt venant au fur et à mesure que j'apprenais à la connaitre).
Et bizarrement, je suis passé du statut de "paria" à celui de quelqu'un de respecté, quoique toujours considéré comme différent. Cette différence n'était plus la même : j'étais considéré comme le "sage" de la classe, un peu à part mais intéressant quand même, à qui on demandait conseil sur telle ou telle chose, plutôt que comme le souffre-douleur que j'étais autrefois (j'ai toujours pris plaisir à accumuler des connaissances sur différents sujets, ce qui m'a donné cette image de "vieux sage de service", alors que ma culture est pourtant bien limitée par rapport à celle que beaucoup ont).
C'est à ce moment là que j'ai commencé à développer des amitiés très profondes, et que je conserve encore aujourd'hui.
J'ai continué par la suite à jouer à ce jeu de défis, qui est devenu naturel aujourd'hui, et qui fait partie de mon comportement de tous les jours. Si bien qu'en société, je joue un jeu et je suis rarement moi-même. Celà permet de s'adapter à des situations très différentes les unes des autres, et c'est parfois assez drôle dans la variété des rôles qu'on peut être amené à jouer dans la même journée.
Le problème essentiel, c'est que ce n'est pas viable sur le long terme : le masque tombe au bout d'un moment, et si on peut influer sur ses comportements, on ne peut pas changer sa nature.
Du côté des amours, c'est assez particulier ( voir mon message ici ).
Dans la vie de tous les jours, peu de gens remarquent mon autisme. Tous ceux qui me connaissent pour m'avoir cotoyé plus d'une heure me trouvent "différent", mais ne mettent pas de mot sur cette différence. J'ai appris à en jouer pour qu'elle passe du statut de désavantage à celui d'avantage, ce qui m'amène à passer pour quelqu'un de discret parfois, de posé, d'indépendant... Bref, on y met les mots qu'on veut, mais en réalité cette différence n'est pas autre chose que l'autisme.
Mon parcours personnel a été assez unique à partir du moment où j'ai quitté les études. J'ai commencé par travailler comme salarié, sans succès (je n'arrive pas à m'adapter à un groupe, et j'ai d'affreux problèmes avec l'autorité, étant donné que j'ai du mal à interpréter les sigaux donnés par les gens, et que je suis très susceptible aux critiques). J'ai commencé à travailler seul, à mon compte, après une période de chômage, en créant des sites internet pour des sociétés que je connaissais, mais c'est bien vite tourné en rond... avant que j'entre en contact avec plusieurs agences de communication, avec lesquelles je travaille maintenant en sous-traitance depuis plusieurs années.
Je suis quasiment incapable de prendre en charge un travail en direct avec un client : rien que le fait d'être au téléphone avec un inconnu est un supplice, alors autant oublier d'essayer de placer des arguments commerciaux... Je suis tout sauf un bon commercial !
Alors le travail en sous-traitance avec des gens que l'on connaît est la meilleure des choses : pas d'inconnus dont n'apréhende les réactions et le mode de fonctionnement, pas de téléphone avec des clients, et moins de difficulté à communiquer car une agence de communication connaît son travail, ce qui n'est pas le cas d'un client final (la société X ou Y qui a besoin d'un site internet n'y connaît en général rien au sujet, et va imposer des choses infaisables, ou rien n'y comprendre du tout...).
En 2004, j'ai fait la folie de partir à l'étranger avec un ami, avec qui je travaillais. Une folie qui a été déclanchée par un ras le bol général, et une envie de prendre radicalement de l'air. Nous sommes partis en Roumanie en juillet 2004, (connaissant quelques personnes là bas, et ayant des liens personnels avec le pays), sans savoir si nous allions rester ou non.
Celà fait maintenant 2 années que je vis à Bucarest, et je suis maintenant autant attaché à la Roumanie que je le suis à la France (pour le moment, je suis en vacances en France, je repars en septembre).
Bref, je suis vraiment content de ce coup de folie, et c'est pour moi une deuxième vie, comme un monde nouveau où se faire une place.
Je pourrais parler des heures de ce pays et de ses habitants (bien plus faciles de contact que les français, mais le fait d'être étranger y est pour quelque chose aussi). Pour faire bref, il faut juste savoir que ce pays n'a rien à voir avec les clichés qui circulent, et qu'il a énormément changé depuis la chûte de la dictature...
Je parle la langue de mieux en mieux, bien que mon niveau en grammaire soit encore assez faible...
Je travaille toujours pour les mêmes clients, à distance comme je le faisais avant, et puis aussi sur des projets personnels.
Mon ami qui était venu avec moi va partir vivre à Londres en janvier, avec la personne avec laquelle il partage maintenant sa vie.
A coté de ça, je fais de la photo à titre de loisir, et depuis peu je commence à vendre des photos par l'intermédiaires d'agences, et j'éspère pouvoir développer cette activité.
Le fait de rester toute la journée devant un ordinateur est pesant, et il y a certaines périodes où j'ai réellement besoin de prendre l'air. La photo est idéale pour ça, surtout pour nous : c'est une activité qui est à la fois solitaire et qui permet en même temps de s'ouvrir sur le monde !
Je suis désolé d'avoir été aussi long, je voulais donner une image compréhensible de mon parcours, qui permet de comprendre un peu qui je suis ! Merci de votre accueil.
PS : Je recherche des contacts avec qui parler de l'autisme aussi bien que de tout et de rien. Envoyez-moi un message privé, et je vous répondrai avec mon adresse MSN