Lau
Posté : 10 oct. 2012, 01:11
Bon.
Où commencer...
J'ai atterri ici après un (bref et un peu tumultueux) passage sur un autre forum traitant du Syndrome d'Asperger.
Disons qu'étant moins axé sur la communication entre personnes directement touchées et personnes extérieures, mon passage là bas à un peu fait chou blanc, mais on m'a redirigé vers ici.
Humpf. Par contre, effet secondaire détestable, ca me vaut de devoir à nouveau me présenter, alors que... Je ne suis pas très douée à cet exercice là.
Donc...
J'ai 34 ans. Je suis un humanoïde de sexe féminin. Educatrice spécialisée de profession (ce qui prend un peu des allures de vastes blague quand j'aurais expliqué mon parcours, mais c'est une vaste blague que j'aime beaucoup, parce que j'adore mon boulot).
Je vis en Suisse avec deux collocataires à deux pattes et deux collocataires à 4 pattes de race féline.
Ce qui me vaut de m'inscrire sur ce forum ?
D'une part, j'ai été pas mal touchée par des témoignages d'Aspies trouvés sur le net. Non pas touchée dans le sens "oh mon dieu c'est trop triste" (mais alors là vraiment pas !), mais touchée dans le sens où beaucoup de choses qu'ils disent sur leur vécu me renvoient au mien.
Le décalage, le "manque de décodeur" vis à vis du genre humain, le fait d'avoir "des pages de dictionnaire floutées" quand il s'agit de rentrer en relation avec les gens, c'est quelque chose que j'ai connu étant gamine (et que je connais toujours dans une moindre mesure, semblerait que j'aie appris un peu entre temps ^^).
Petite, j'étais la gamine qui étais totalement paniquée dans un groupe (la maternelle, enjoy. J'ai passé mes deux années de maternelle soit seule dans un coin, soit collée aux basques de l'instit' tellement me retrouver "larguée" avec les autres enfants me faisait flipper. La primaire : enjoy aussi, je l'ai passée à (plus ou moins vainement) tenter de me faire des amis, me faire accepter, et piger ce qu'on attendait de moi.
Quand on ne me reprochait pas d'être "à coté de la plaque", on me reprochait de "copier les autres". Ben oui, je veux bien, je copiais, mais j'essayais de m'intégrer, gruh.
En plus, j'étais un peu trop bonne élève, c'est mal vu.
Bref. Je ne suis pas là pour larmoyer sur mon parcours scolaire un poil chaotique.
J'ai toujours été plus à l'aise avec les "bizarres" qu'avec les gens dans la norme. Et ça, ca n'a pas changé : mon cercle d'amis est pas mal exclusivement composé de personnes ayant un vécu bancal, un passé pas rose, des réactions aléatoires...
Incluant quelques personnes diagnostiquées Aspies ou pour qui l'éventualité a été évoquée.
Mon boulot d'éduc, c'est ma manière de dire aux gens qu'on peut être bizarre et avoir sa place dans la vie.
C'est ça que je cherche à apporter au travers de mon boulot. Un autre regard, qui ne dit pas "rentre dans la norme, au trot", mais "sois qui tu es, mais sois le bien !".
Alors forcément, là aussi ça n'a pas été tout simple. Deux échecs plus ou moins retentissant à m'intégrer dans une équipe qui n'était pas spécialement disposée à accepter ma part de bizarrerie. Avant de tomber, coup de chance magistral, sur l'endroit où je bosse maintenant, avec des collègues qui tout en me voyant souvent un peu comme un alien, sont disposés à faire de mon regard décalé un atout, un autre regard, et à lui laisser sa place. J'aime.
Ce que je cherche ici ?
Bah un partage de "bizarrerie", vu que sur pas mal de points je me retrouve dans ce que j'ai lu ici, et dans ce que j'ai entendu dans mes discussions avec mes potes Aspies (je me demande d'ailleurs si à un moment donné je vais avoir un MP de quelqu'un m'ayant reconnu. Je ne sais pas du tout s'ils squattent ce forum, mais c'est de l'ordre du possible ^^).
Sinon... Au cours de mon bref passage sur l'autre forum, on m'a demandé pourquoi je ne m'étais pas "annoncée" comme étant "Aspie potentielle", vu que ce que je disais (en gros la même chose que ce que je viens de dire, donc) pouvait éventuellement laisser penser que...
Bah à vrai dire... Les "étiquettes", les diagnotics, c'est pas trop mon truc. Entendons nous, je peux totalement comprendre que certains puissent en avoir besoin, c'est pas une critique hein.
Mais personnellement, la seule "étiquette" dont je pense qu'on a vraiment besoin, c'est "Humain".
Je vois les diagnostics (quels qu'il soit) comme pouvant être utile quand on recherche des solutions, certes, mais aussi comme beaucoup de prisons, de "cases" dont il est difficile de sortir.
Alors quand bien même je me sens proche d'un mode de fonctionnement "Aspie", je ne chercherai jamais de réponse à cette interrogation. Pas envie d'être cataloguée, ni de me cataloguer moi-même. Et je trouve triste que notre société ait à ce point besoin "d'étiqueter", de "classer" les personnes en fonction d'un trouble, d'un truc, d'un machin.
Si on prenait juste le temps d'être ouvert à l'autre, de s'adapter (à tous les niveaux, que ca soit les relations entre les gens, le système scolaire qui n'est adapté qu'à un fonctionnement très "standardisé", le monde professionnel, tout ca), y aurait-il autant besoin de "diagnostics" ?... je ne crois pas.
Alors je sais, ce que je dis là est une belle utopie, mais c'est l'utopie qui me fait me lever le matin.
Et me battre pour amener un tant soit peu plus d'ouverture, à mon échelle, tout ca, c'est ce qui me fait pouvoir me regarder dans le miroir en me disant "C'est bon, j'ai passé ma journée en accord avec mes valeurs".
Bref. Pour quelqu'un qui disait ne pas aimer se présenter, je crois que j'ai fait un pavé. L'aspirine est offerte à tous ceux à qui j'aurais collé une migraine.
Où commencer...
J'ai atterri ici après un (bref et un peu tumultueux) passage sur un autre forum traitant du Syndrome d'Asperger.
Disons qu'étant moins axé sur la communication entre personnes directement touchées et personnes extérieures, mon passage là bas à un peu fait chou blanc, mais on m'a redirigé vers ici.
Humpf. Par contre, effet secondaire détestable, ca me vaut de devoir à nouveau me présenter, alors que... Je ne suis pas très douée à cet exercice là.
Donc...
J'ai 34 ans. Je suis un humanoïde de sexe féminin. Educatrice spécialisée de profession (ce qui prend un peu des allures de vastes blague quand j'aurais expliqué mon parcours, mais c'est une vaste blague que j'aime beaucoup, parce que j'adore mon boulot).
Je vis en Suisse avec deux collocataires à deux pattes et deux collocataires à 4 pattes de race féline.
Ce qui me vaut de m'inscrire sur ce forum ?
D'une part, j'ai été pas mal touchée par des témoignages d'Aspies trouvés sur le net. Non pas touchée dans le sens "oh mon dieu c'est trop triste" (mais alors là vraiment pas !), mais touchée dans le sens où beaucoup de choses qu'ils disent sur leur vécu me renvoient au mien.
Le décalage, le "manque de décodeur" vis à vis du genre humain, le fait d'avoir "des pages de dictionnaire floutées" quand il s'agit de rentrer en relation avec les gens, c'est quelque chose que j'ai connu étant gamine (et que je connais toujours dans une moindre mesure, semblerait que j'aie appris un peu entre temps ^^).
Petite, j'étais la gamine qui étais totalement paniquée dans un groupe (la maternelle, enjoy. J'ai passé mes deux années de maternelle soit seule dans un coin, soit collée aux basques de l'instit' tellement me retrouver "larguée" avec les autres enfants me faisait flipper. La primaire : enjoy aussi, je l'ai passée à (plus ou moins vainement) tenter de me faire des amis, me faire accepter, et piger ce qu'on attendait de moi.
Quand on ne me reprochait pas d'être "à coté de la plaque", on me reprochait de "copier les autres". Ben oui, je veux bien, je copiais, mais j'essayais de m'intégrer, gruh.
En plus, j'étais un peu trop bonne élève, c'est mal vu.
Bref. Je ne suis pas là pour larmoyer sur mon parcours scolaire un poil chaotique.
J'ai toujours été plus à l'aise avec les "bizarres" qu'avec les gens dans la norme. Et ça, ca n'a pas changé : mon cercle d'amis est pas mal exclusivement composé de personnes ayant un vécu bancal, un passé pas rose, des réactions aléatoires...
Incluant quelques personnes diagnostiquées Aspies ou pour qui l'éventualité a été évoquée.
Mon boulot d'éduc, c'est ma manière de dire aux gens qu'on peut être bizarre et avoir sa place dans la vie.
C'est ça que je cherche à apporter au travers de mon boulot. Un autre regard, qui ne dit pas "rentre dans la norme, au trot", mais "sois qui tu es, mais sois le bien !".
Alors forcément, là aussi ça n'a pas été tout simple. Deux échecs plus ou moins retentissant à m'intégrer dans une équipe qui n'était pas spécialement disposée à accepter ma part de bizarrerie. Avant de tomber, coup de chance magistral, sur l'endroit où je bosse maintenant, avec des collègues qui tout en me voyant souvent un peu comme un alien, sont disposés à faire de mon regard décalé un atout, un autre regard, et à lui laisser sa place. J'aime.
Ce que je cherche ici ?
Bah un partage de "bizarrerie", vu que sur pas mal de points je me retrouve dans ce que j'ai lu ici, et dans ce que j'ai entendu dans mes discussions avec mes potes Aspies (je me demande d'ailleurs si à un moment donné je vais avoir un MP de quelqu'un m'ayant reconnu. Je ne sais pas du tout s'ils squattent ce forum, mais c'est de l'ordre du possible ^^).
Sinon... Au cours de mon bref passage sur l'autre forum, on m'a demandé pourquoi je ne m'étais pas "annoncée" comme étant "Aspie potentielle", vu que ce que je disais (en gros la même chose que ce que je viens de dire, donc) pouvait éventuellement laisser penser que...
Bah à vrai dire... Les "étiquettes", les diagnotics, c'est pas trop mon truc. Entendons nous, je peux totalement comprendre que certains puissent en avoir besoin, c'est pas une critique hein.
Mais personnellement, la seule "étiquette" dont je pense qu'on a vraiment besoin, c'est "Humain".
Je vois les diagnostics (quels qu'il soit) comme pouvant être utile quand on recherche des solutions, certes, mais aussi comme beaucoup de prisons, de "cases" dont il est difficile de sortir.
Alors quand bien même je me sens proche d'un mode de fonctionnement "Aspie", je ne chercherai jamais de réponse à cette interrogation. Pas envie d'être cataloguée, ni de me cataloguer moi-même. Et je trouve triste que notre société ait à ce point besoin "d'étiqueter", de "classer" les personnes en fonction d'un trouble, d'un truc, d'un machin.
Si on prenait juste le temps d'être ouvert à l'autre, de s'adapter (à tous les niveaux, que ca soit les relations entre les gens, le système scolaire qui n'est adapté qu'à un fonctionnement très "standardisé", le monde professionnel, tout ca), y aurait-il autant besoin de "diagnostics" ?... je ne crois pas.
Alors je sais, ce que je dis là est une belle utopie, mais c'est l'utopie qui me fait me lever le matin.
Et me battre pour amener un tant soit peu plus d'ouverture, à mon échelle, tout ca, c'est ce qui me fait pouvoir me regarder dans le miroir en me disant "C'est bon, j'ai passé ma journée en accord avec mes valeurs".
Bref. Pour quelqu'un qui disait ne pas aimer se présenter, je crois que j'ai fait un pavé. L'aspirine est offerte à tous ceux à qui j'aurais collé une migraine.