ce que je n'ose pas dire

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nana
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ce que je n'ose pas dire

Message par nana »

Hier était journée de l'autisme,
suis allée assister à une conférence à Bruxelles, organisée par l'échevin & Mme InforAutisme.
Bien: une association respectable (inforautisme) qui est soutenue par la commune.
  • Je me suis ennuyée durant 2 heures!
Toutefois, il est possible que les gens qui étaient là, aient trouvé quelque chose d' intéressant.

Ce type de conférence ne m'intéresse plus bien que je reconnaisse le besoin et le militantisme de certaines personnes qui veulent sensibiliser à l'autisme.

Cette manière de faire est si ennuyeuse, aujourd'hui. Sensibiliser en ennuyant? Je capte plus.

Suis passée au niveau supérieur -normal depuis 10 ans!
  • Je ne veux plus avoir mal au ventre chaque fois que j'entends un exposé ou une interview qui débouche sur une *liste interminable (sans liens entre eux) de caractéristiques autistiques qui a pour but de permettre au non autiste d'identifier l'autiste.
Tel fut l'organisation de l'exposé d'hier. Voilà de *quoi comprendre un autiste. Eh bien, bon courage!
Voici le modèle des interviewers de Josef, en France.
(Exemple, dans 28 minutes dernièrement).

STOP !!!!!!!!!!!!!!!

Faut-il, aujourd'hui encore, jouer le jeu des autres? jouer la comédie du prototype de l'autiste?

Quand serai-je moi-même? Quand seras-tu toi-même?
Quand commencerons nous à parler pour dire ce qui préoccupe chacun de nous? (sans répondre en conformité à des schémas pré-concus, écrits avant nous?

10 années plus tard depuis que la sensibilisation à l'autisme a commencé les réponses fournies le sont aux mêmes questions. Qu'est-ce qu'un autiste,l'autisme? comment l'identifier -afin de ne plus le maltraiter en société?
  • A quand les questions (pensées, écrites et) posées par des personnes autistes à des personnes autistes?
    A quand les questions posées par des personnes autistes à des personnes non autistes?
Quand renoncera t-on au modèle de ce type de conférence pour entrer dans l'ère de la ré-union ? [conférence VS réunion?]
  • A quand la RENCONTRE autistes-non autistes? Quand est-ce que 2 individualités seront mises en présence?

La conférence d'hier a cristallisé le ras-le-bol que j'ai de cette comédie de l'information qui aura duré une décénie!

Ce que j'ai retenu de la conférence du type de celle d'hier est
- que les membres de la famille de Mme Cinzia sont complémentaires
- que les temps de souffrance à cause de l'autisme sont peut-être enfin révolus
  • MAIS aussi que le moyen qui est donné pour respecter l'autre (par ex autiste) est:
    ->Apprendre à identifier la catégorie à laquelle il appartient (autiste). Comment? en retenant une liste de critères pré-définis.

Ce vers quoi on évolue fait peur, parfois!
Dois-je identifier un individu à une catégorie pour me mettre à le traiter respecteusement?

Vais-je donc toujours maltraiter l'autre ou lui être indifférent tant que je ne l'aurais pas étiqueter au préalable?

Décidément, on n'en sort pas.

Il est temps pour moi de sortir de la quadrature du cercle et de vivre des choses sincères, essentielles, belles.

J'ai mis ce message ici, car c'est une opinion, la mienne en ce jour. Un peu comme une conversation dans un café.
Nana


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0z0ne
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Re: ce que je n'ose pas dire

Message par 0z0ne »

^Moi j'en parle là : http://www.satedi.net/forum/viewtopic.p ... 46#p114446 … puisqu'on y était ensembles.
Et là : http://asperger.highforum.net/t847-tran ... urvie#6191
Et j'écrivais à la présidente de cette association pendant toute la nuit, mais comme c'était ma deuxième nuit blanche consécutive, j'ai renoncé car je n'étais plus très cohérent sur la fin. Depuis je récupère.

Tu parles de militantisme et ça me rappelle ce que je te disais : parler d'autisme, ça devient comme parler de racisme, de sexisme, même d'homophobie et de religion. Du communautarisme. Presque comparable au prosélytisme djihadiste (non armé - ouf).

Personnellement, je ne saurai jamais ce qu'est d'être pleinement autiste. Pour rappel, je n'ai jamais été diagnostiqué (sauf pour le TDA) et ce que j'ai lu de certains commentaires ici me font savoir que je suis très différent, autant de certains autistes que de la majorité des neurotypiques. De la même manière, je ne saurai jamais ce que c'est que d'être une femme. Ce qui ne m'empêche pas d'aimer les femmes, d'être attiré par elles, puis de m'engueuler avec elles. Mais je m'engueule avec tout le monde, j'ai des troubles du comportement.

Fondamentalement, ça choque mon fils qui est très communautariste, je ne me sens pas autiste et j'ai souvent fui SAtedI à cause des troubles du comportement mutuels. Car cette image que donnait l'interview de Josef Schovanec est biaisé : les autistes ne sont pas tous sympas comme lui. Ni moi ou quiconque n'est sympa 24/24-7/7. Je suis d'ailleurs intervenu dans l'annonce à propos de l'autisme et la pédophilie : il peut exister des autistes pédophiles.

Je ne saurai jamais ce qu'est d'être une femme, ni complètement autiste, ni noir, dieu me préserve d'être musulman, inch Allah, ça ne m'empêche pas de m'intéresser à l'autre. Peut-être pas à le comprendre pleinement, mais c'est impossible : je ne suis pas l'autre. Je suis moi et c'est d'ailleurs tout le sens de mon travail thérapeutique chez ma psy : arriver à me tolérer moi-même, à prendre confiance. À me sentir bien vis-à-vis des autres.

Alors, les autres ne sont pas obligés, ni moi je ne suis marié à la Terre entière. Mais je m'égare.

Moi je ne me suis pas ennuyé. Pas que ce fût très intéressant, certaines choses m'ont remuées, m'ont fait sortir de ma réserve. « Comment peut-on résumer ça à ça ? » Bah, très simplement, c'est dames ne sont pas autistes, mais mères d'autistes. Concernées, pleine de bonnes volonté, actives, militantes, mais incapables de comprendre. Non, je me suis laissé aller, puis j'étais heureux de te retrouver toi et ton fabuleux sourire (pas Mona Lisa, mais je le ferais bien encadrer pour me donner quotidiennement du baume au cœur), heureux que tu sois enfin arrivée à me faire sortir de ma bulle. Entre nous peu importe l'autisme finalement, ce qui est important c'est qu'on soit de bons amis.

On a forcément parlé d'autisme, mais on a aussi parlé de nous, hors de l'autisme et certainement de son militantisme. Pas grand chose, la soirée était courte, mais tellement bon au final.
Car un(e) ami(e) sert surtout à apprendre à le tolérer. C'est un bon apprentissage à l'autre, en douceur, grâce à un terrain d'entente : l'autisme, certes, et la peinture ou la musique, ou simplement l'autre, puisque l'amitié c'est d'arriver à de l'affectif, de la confiance en autrui, comme pour nous reposer de nos conflits internes.

Tu as totalement raison de ce ras-le-bol par rapport à la conférence : l'interview de Josef Schovanec tenait de l'exhibition d'une sorte de singe savant, comme pour détendre l'atmosphère avant d'évoquer les choses qui fâchent. Mais il n'y en a pas eu. Rien sur les places d'accueil, rien sur l'emploi, l'éducation, les revenus, l'affectif, la sexualité, rien sur la vraie vie, rien sur un statut des atypiques, de tous les laissés pour compte condamnés à être chômeurs (en Belgique) ou de ne vivre qu'avec le SMIC. On a assisté à ça comme à une bonne manière de faire de l'audimat (l'interview) avant de passer de la pub et de se donner bonne conscience. Bonne conscience de la presse, du monde politique et même de ces deux dames, sorte de dames patronnesses qui donnent un sens à leur vie après de terribles difficultés (dont elles n'ont même pas parlé) dans le relationnel avec leur(s) enfant(s) autiste(s).

Pourtant, la réunion a eu lieu. D'abord entre nous, puis entre nous et elles, entre nous et l'attachée de l'échevin.
Comme à chaque fois, il nous appartient de ne pas laisser tomber, ou pas.

Car malgré tout, il y a une chose qu'il faut encore et toujours développer : la réunion, en faisant des concessions à cette petite grand-messe, même au communautarisme de bazar. Et, je suis bien placé pour le dire, mon fils sortant de l'école en juin prochain sans aucune perspective d'avenir, juste son CEB adulte, il faut obtenir des moyens, il y a une foule de choses à bâtir. Et pas seulement pour l'autisme, mais contre tous les ismes, pour l'humanité entière, ma communauté, et son milieu.

Alors ça peut commencer maintenant, en invitant la présidente de inforautisme et l'attachée de l'échevin de l'éducation de Woluwé St Pierre à venir nous lire. Puisse SatedI devenir lieu du chaînon manquant, le débat, dans l'attente de pouvoir l'avoir avec la presse et le monde politique.


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0z0ne
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Re: ce que je n'ose pas dire

Message par 0z0ne »

Alors, ce que tu n'oses pas dire, je l'ai dit. J'ai envoyé un mail.
Bonjour, je suis Louis Hoebrechts, l’homme aux cheveux blancs, pas rasé, qui est intervenu lors de la conférence sur l’autisme au nom des autistes francophones de SAtedI ( http://www.satedi.net ), bien que j’ai quitté l’association et que je ne sois pas clairement autiste.
Nous avons du partir avant la fin car mon amie Aya avait des angoisses à rentrer tard et seule, je l’ai donc raccompagnée.

Je tenais à vous donner mon impression quant à la soirée. Mais après une nuit blanche et une deuxième puisque j’écrivais trop longuement, j’ai renoncé.
Finalement, Aya et moi avons réagi là : http://www.satedi.net/forum/viewtopic.php?f=3&t=7269
Attention, ça décape. Ne vous en offusquez pas, je ne sais plus quand c’est moi ou mes troubles du comportement qui parlent. Sans doute la même « chose » (comme le mutant des 4 fantastiques).

C’est finalement très révélateur de ce qu’un adulte atypique a vécu, de ce dont il faut prémunir la jeunesse.
Et qui rend essentiel une quelconque collaboration. Car, simple constat, statutairement je suis chômeur âgé à vie, Aya est une déracinée vagabonde au SMIC entre la France et Bruxelles. Et nous ne sommes pas les plus mal lotis, de par notre haut-niveau.
C’est également révélateur que tout reste à faire car nous ne sommes nulle part.

Bien à vous.

Louis Hoebrechts


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