Ingrid a écrit :Je ne cherche pas du tout à faire changer mon élève ou à l'amener à penser différemment
Je n'en doute pas. Je signifie juste que de le faire s'exprimer c'est bel et bien lutter contre l'aspect handicapant de l'autisme, s'attaquer avec lui au "mur de verre" qui l'enferme, donc que les difficultés sont normales. L'image c'est pas un message caché, juste un exemple de l'imagination (et du sens de l'humour) d'une personne autiste autiste.
Défaut d'imagination? Non!
La personne avec qui je vivais et qui à été diagnostiqué autiste disait elle aussi manquer d'imagination. Elle avait réussis à reconnaître comme la concernant ce trait souvent décrit comme caractéristique. C'est que souvent des demandes de faire marcher son imagination, par exemple pour répondre à "qu'est-ce que tu ferrais à ma place" lui posait problème, comme d'autres situations où l'on dis "ok tu ne peux pas savoir, mais alors imagine".
Pourtant à maintes reprise j'ai pu constater qu'elle avait de l'imagination. Je pense aussi à une vidéo où un asperger passait son temps à dessiner des aéroports (imaginaire, donc à les imaginer), ou encore à un autre asperger qui à partagé avec moi sa conviction que Tolkien, l'auteur du seigneur des anneaux, était selon lui probablement autiste asperger aussi, lui qui a imaginé un univers complet.
Donc, comme lui, je ne crois pas en un défaut de faculté à pouvoir imaginer, mais je crois bel et bien en une impossibilité qui est traduite en "langage commun". Un blocage existe, mais si on creuse un peut il semble qu'il concerne le fait d'inclure dans cet imaginaire des éléments du commun dont le fonctionnement reste largement énigmatique pour un autiste.
Défaut de correspondance
Puisque vous lisez Mottron et d'autre, vous connaissez peut être défaut de théorie de l'esprit attribué aux autistes asperger, et l’odieuse
expérience de Sally et Anne où l'enfant doit "deviner ce que pense la poupée". C'est l'expérience clé de la déduction de ce manque d'imagination, et elle est censé prouver que l'enfant n'arrive pas à attribuer des pensées à autrui.
Je dis odieuse par ce que ça prouve juste que l'enfant autiste n'arrive pas à attribuer
aux expérimentateur l’idée que eux attribuent à une projection d'eux même : la poupée. Et les expérimentateur ne prennent jamais conscience de cette articulation pourtant fondamentale, l'expérience n'en parle pas.
C'est humain d'utiliser une sorte d' "humanité standard type" applicable à chacun, comme de l'appliquer à une représentation comme une poupée, et c'est a partir de ce socle là, qui reste inconscient, que chacun imagine des situations.
La correspondance relative des expérience de chacun leur permet d'entretenir cette illusion d'empathie, de croire ressentir l'état de l'autre alors qu'on ne ressent jamais que soi même que l'on imagine à la place de l'autre (ou même d'une poupée). On fonctionne comme si on savait pour l'autre, alors que c'est faux, d'ailleurs ça ne marche pas avec les autistes, on ne sais pas pour eux, notre empathie pêche à les deviner.
Les autiste, eux, savent d'expérience que cette projection empathique pêche en générale, donc ils n'ont pas de "socle humain typique" de référence mais une vertigineuse myriade de possibilités.
Ils imaginent aussi bien que tout le monde, même mieux étant donné l'ampleur de leurs monde intérieur à mon humble avis, mais ils ne peuvent pas utiliser ce "socle commun de projection", le fait de se mettre à la place de l'autre que chacun utilise sans même en avoir conscience.
Donc le "je ne peux pas imaginer" s'entend "relativement à ce que vous me demandez d'imaginer", et ça change tout!
(J'aimerais beaucoup avoir les avis des participants du forum à ce propos.).
A prendre en considération ...
Vous ne devez donc pas être dans la même illusion que ces expérimentateurs, pire, vous devez démontrer que vous n'êtes pas dans cette demande universelle d'attribution d'état à laquelle toute sa vie il a été confronté. C'est pas facile par ce que
vous faire une rédaction c'est forcément trouver quelque chose de ce socle commun qui
vous parle à vous. Toute communication est l'utilisation de ce socle commun.
On touche ici à la nature de ce qui handicap le quotidien de la vie des autistes, une déficience de correspondance qui dans bien des cas, n'est pas nécessairement un défaut de faculté mais seulement de conformité (ce que les paroles d'autistes expriment bien souvent).
Ce ce qui forme ce mur de verre qui n'est transparent que du fait de l'inconscience de cette perpétuelle indexation au "standard humain type".
En prendre conscience c'est comme de coller une étiquette sur une baie vitrée, ça permet à chacun de voir l'obstacle.
Après vous trouverez peut-être comment le contourner, peut être en trouvant un sujet où ce socle n'existe pas (c'était le cas pour l'exemple que vous donnez qui était restreins a son expérience relative à un apprentissage).
Et dans ce cas vous constaterez probablement qu'il peux imaginer, peux être même qu'il est doué pour imaginer.
Pardon d'avoir encore été long, mais c'est la nature profonde du trouble autistique qui est en cause, donc il me semble que le temps perdu ici serra milles fois gagné si vous arrivez a la saisir ( à mon humble, non, très prétentieux avis pour le coup :p ).