Quinze présidents d’associations interpellent les candidats
Recueilli par Nathalie Birchem et Julien Duriez, le 21/04/2017 à 19h44
Mis à jour
le 23/04/2017 à 9h42
À l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle, « La Croix » a demandé à quinze responsables associatifs de dire
quelle serait leur priorité s’ils accédaient à la tête de l’État.
Président d’
Emmaüs
« Si j’étais élu président, dès le lendemain de mon élection, je décréterais l’état d’urgence sociale et solidaire. Cela signifie que je mobiliserais tout mon gouvernement sur cette priorité, avec une feuille de route donnée à chaque ministre.
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Président d’
Habitat et humanisme
« Moi, président de la République, j’apporterais une attention spécifique à ceux qui ne trouvent pas de place au sein de la société. Aussi ferais-je de l’habitat une grande cause nationale en répondant à trois urgences.
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Président des
Banques alimentaires
« Si j’étais président, j’aiderais les associations à lutter contre la précarité alimentaire. En France, 4 millions de personnes bénéficient de l’aide alimentaire.
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Président des
Maisons d’accueil L’Îlot
« Aujourd’hui, 60 % des sortants de prison y retournent dans un délai de cinq ans. Il faut se rendre compte que si on réduisait le taux de récidive ne serait-ce que de moitié, on résoudrait le problème de la surpopulation carcérale. Et surtout on réconcilierait avec la société plus de 18 000 des 80 000 personnes sortant de prison chaque année.
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Présidente d’
ATD Quart Monde
« Si j’étais présidente, je m’y prendrais autrement pour lutter contre la pauvreté. La pauvreté, ce n’est pas seulement monétaire, ce n’est pas seulement avoir moins de 1 000 € par mois pour vivre, c’est aussi ne pas avoir accès aux droits élémentaires que sont le logement, le travail, la santé, la culture, et surtout l’éducation.
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Présidente du
CCFD (hors citation du journal: le CCFD c'est la
Première association française de développement, le CCFD-Terre Solidaire a été créé en 1961 suite à l’appel lancé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et relayé par le pape Jean XXIII pour la lutte contre la faim dans le monde.
Rompant avec les pratiques d’assistance, etc. http://www.boutique-ccfd-terresolidaire.org/
« Moi présidente, je soutiendrais le modèle de l’agroécologie paysanne en France comme à l’international. Il s’agit en effet d’un modèle qui, à l’inverse de l’agrobusiness porté par des multinationales, préserve les revenus des petits producteurs, constituant la majorité de la population dans le monde, et permet une gestion durable des ressources – ce qui est la condition d’un vrai développement compatible avec la préservation de l’environnement.
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Président des
Scouts et Guides de France
« Si j’étais élu président, je ferais le pari de la jeunesse. Financer son éducation n’est pas un coût mais un investissement. Se préoccuper des jeunes “en périphérie”, notamment ceux qui ne sont ni en emploi ni en formation, est capital : ce sont des talents dont on se prive.
Président du conseil d’administration d’Apprentis d’Auteuil
Président du
conseil d’administration d’Apprentis d’Auteuil
« Dès le début de mon quinquennat, j’organiserais des états généraux de l’éducation. Le constat que l’on fait est celui de l’échec de notre système éducatif. Chaque année, 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ; 1,7 million de personnes entre 15 et 30 ans ne sont ni en emploi ni en formation. Et, selon les enquêtes Pisa, nous sommes l’un des pays où les inégalités à l’école sont le plus déterminées par l’origine sociale. Laisser ainsi une partie de notre jeunesse au bord de la route pose un problème majeur pour l’avenir de notre pays.
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Présidente du
Secours catholique-Caritas France
« Moi, présidente, j’organiserais différemment la prise en compte des personnes en situation de pauvreté pour renforcer leur pouvoir d’agir. Je pense que ces hommes et ces femmes ont des choses à dire non seulement sur la question de la précarité mais aussi sur l’ensemble des politiques publiques.
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Je propose donc, avec le collectif « Pas sans nous », de créer un Fonds pour la démocratie d’initiative citoyenne.
Ce Fonds aurait pour objectif de développer la participation des personnes en précarité au niveau local ou national et de l’ensemble des instances de démocratie participative.
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président de l’ONG Action contre la faim (ACF). Créée en 1979, l’ONG emploie 2 500 salariés dans les 20 pays où elle lutte contre la faim.
« Moi président, je m’engagerais d’abord à respecter l’engagement de la France à consacrer 0,7 % du produit national brut à l’aide au développement.
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Il faudrait aussi rediriger cette aide, aujourd’hui de plus en plus liée aux questions migratoire et sécuritaire, vers les pays les plus vulnérables, dont les populations n’ont pas accès aux besoins prioritaires que sont l’eau, la nourriture ou les soins de santé.
Cela permettrait de lutter contre la faim, qui n’est pas, comme le pensent beaucoup, une fatalité.
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Président de
la Fondation de l’Armée du salut
« Sitôt élu, je créerais un DAO, un droit à l’activité opposable. Il faut que toute personne qui le souhaite puisse avoir une activité professionnelle, avec une rémunération juste, afin que chacun puisse se sentir utile et que toutes les forces de la société soient mobilisées. Cette activité doit être à la mesure des capacités de chacun. Pour certains, elle se limitera à quelques heures par semaine.
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le président de la Société-Saint-Vincent-de-Paul. Cette association catholique de laïcs, fondée en 1833 par Frédéric Ozanam et présente dans 150 pays, est forte en France de 17 000 bénévoles qui agissent près de chez eux en soutien aux plus fragiles et aux plus isolés.
« Moi président, je lutterais contre les effets de la solitude. Dans notre pays, elle touche 5,5 millions de Français, soit 11% de la population, souvent les plus fragiles et les plus pauvres. C’est près de 3 fois plus de personnes qu’il y a 50 ans.
La Société de saint Vincent de Paul s’est toujours attachée à lutter contre ce qu’elle estime être une très grande pauvreté. C’est pourquoi, depuis sa création et jusqu’à ce jour, ses nombreux bénévoles pratiquent la visite à domicile pour aller à la rencontre de toutes ces personnes qui vivent douloureusement leur isolement.
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présidente de l’
Association Sœur Emmanuelle (Asmae). Créée en 1980 et présente dans huit pays, Asmae soutient les enfants les plus démunis en favorisant leur autonomie par l’éducation et la protection.
« Si j’étais présidente demain, je lancerais une concertation avec les différents acteurs du monde de l’éducation des jeunes enfants, les décideurs politiques, les acteurs de terrain, les représentants du monde de la santé et de l’éducation.
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le président sortant de
l’Action des chrétiens contre la peine de mort (ACAT-France). Créée en 1974, cette ONG oecuménique forte de 39000 membres a pour vocation la défense des droits de l’homme dans le monde.
« Nous avons récemment avec l’Acat fait un sondage sur l’acceptabilité de la torture et de la peine de mort, qui est en train de remonter en France. 36% des sondés acceptent le recours à la torture dans des circonstances exceptionnelles, contre 25% en 2000. Nous pensons que ce résultat inquiétant est lié à un besoin de sécurité, pas une sécurité globale, mais uniquement la sécurité « pour les siens ».
Ceci s’explique. Notre société fait face à une grande diversité des langues, des religions, des appartenances et je comprends que cette évolution engendre des peurs. Dans ce climat, l’antidote fondamentale passe par le développement de la fraternité, mise à mal aujourd’hui par le développement de l’individualisme. Aucun candidat n’en parle, alors qu’il faudrait en faire un objectif prioritaire !
Moi président, j’inviterais à la création par les mairies de maisons de la fraternité.
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le président sortant de la
Délégation catholique pour la coopération (DCC). Créée il y a 50 ans, elle envoie 450 à 500 volontaires chaque année pour des missions de solidarité dans des pays du Sud.
« Si j’étais président, je développerais le bénévolat de réciprocité, qui consiste à faire venir des bénévoles des pays du Sud vers les pays du Nord pour y mener des actions de solidarité.