Bonjour et bienvenue !
Je me permets d'intervenir car ce fils de conversation m'intéresse .
Tout d'abord , je m'appelle Sandra et j'ai 22 ans . Je suis Asperger .
Votre conversation m'intéresse car j'ai souffert de ça .
Tout d'abord bravo d’être professeur et surtout de physique .
Me concernant j’adore cette matière .
La seul chose c'est que j'ai souffert car au collège mes camarades n’aimaient pas et trichaient sur moi lors de contrôle j'avais beau le dire mon professeur ne faisait rien .
Ils me demandaient de plus mes DM et là pareil mon professeur sans foutait .
Au lycée j'ai eu trois ans le même prof . Il était trop gentil et tout le monde se payer ça tète .
Autant dire que les cours se passaient très mal . Je m'arrangeai pour avoir les cours en avance et devais travailler chez moi car dans une classe de 35 fille je vous raconte pas .
Mon professeur en contre partie me faisait des cours particulier et j'ai eu 20 de moyennes pendant 3 ans .
Mais tout le monde trichaient sur moi pendant les contrôle et sur ma demande le prof avait beau diviser les notes , mettre zéro , supprimer les DM ça ne changeai pas .
C'était toujours le bazard .
A la fin j'étais obligé d'appeler la proviseur et un jour j'en ai eu marre et j'ai tout balancé par terre .
A cause de ça la physique au Bac j'ai raté car on avait pas étudier les chapitres qui sont tombés et même avec mes cours en plus sachant que j'avais plus de 9 heures de spécialité , idem pour la biologie et autre j'arrivais pas .
En biologie y avait le même problème .
même en L1 c'était pareil .
Les gens avaient la bourse mais perturbés le cours .
J'en ai eu marre et j'ai pris option cours via le CNED .
La à la rentrée je retourne à la fac espérons que ça changera .
Ego
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Re: Ego
Marin, je reprendrais ce que tu dis concernant la musique et le trip-hop. M'intéressant beaucoup à la musique, je suis assez éclectique sauf la chanson française. Pour ce qui est de la musique répétitive et monotone, telle le trip-hop, et un intérêt commun de ce type de musique parmi les Aspies, le Boléro de Ravel devrait être l'hymne de tous les Aspis. Pour moi, il n'y a plus répétitif même s'il y a progression dans l'intensité musicale. J'aime bien le trip-hop avec notamment Massive Attack et Bjork à qui je peux aussi rajouter Etienne de Crécy, mais j'ignorais tout du groupe Archive dont tu nous as présenté quelques liens. J'ai écouté plusieurs fois et apprécié le morceau So Few Words. Pour ce qui répétitif dans la musique, j'apprécie aussi le Blues, notamment pour son côté "transe" et avec laquelle je peux me balancer.
Depuis mon adolescence, je passe une certaine partie de mon temps à faire du "bruit" avec ma bouche et en essayant d'imiter les instruments tels que la batterie et la basse. Au point de faire du "drum and bass" à moi toute seule. Cela énervait beaucoup ma mère, et il m'arrive à être découvert en train de faire ainsi ma "musique". Quand je suis dans cet état-là, tout mon corps bouge comme s'il y avait une nécessité que celui-ci vibre avec la musique que je produis. Je peux vous dire qu'à la fin, je suis totalement exténuée. Il m'arrive aussi d'être lassée par tous ces bruits que par moment je ne peux réfréner. L'autre jour, lors d'une réunion, j'avais en tête un air que je ne pouvais pas m'empêcher de sortir de ma bouche et à chaque fois il fallait que je me contrôle pour arrêter ces bruits. Et cela pendant toute l'heure qu'à durer la réunion. Tout cela m'use et me lasse de devoir me contrôler.
Nadine
Depuis mon adolescence, je passe une certaine partie de mon temps à faire du "bruit" avec ma bouche et en essayant d'imiter les instruments tels que la batterie et la basse. Au point de faire du "drum and bass" à moi toute seule. Cela énervait beaucoup ma mère, et il m'arrive à être découvert en train de faire ainsi ma "musique". Quand je suis dans cet état-là, tout mon corps bouge comme s'il y avait une nécessité que celui-ci vibre avec la musique que je produis. Je peux vous dire qu'à la fin, je suis totalement exténuée. Il m'arrive aussi d'être lassée par tous ces bruits que par moment je ne peux réfréner. L'autre jour, lors d'une réunion, j'avais en tête un air que je ne pouvais pas m'empêcher de sortir de ma bouche et à chaque fois il fallait que je me contrôle pour arrêter ces bruits. Et cela pendant toute l'heure qu'à durer la réunion. Tout cela m'use et me lasse de devoir me contrôler.
Nadine
Marin a écrit : 5. Musique! « Ohne Musik wäre das Leben ein Irrtum. » (« Sans la musique, la vie serait une erreur. ») — comme le disait si bien Friedrich! De toute manière, on écoute ce qu'on est. Je suppose qu'Asperger explique en bonne partie mon intérêt pour le bon trip-hop, qui est une musique généralement monotone et répétitive, parfois à base de samples, et pour Bach. Ca explique moins mon intérêt pour Purcell et Beethoven. J'aimerais d'ailleurs avoir le retour de quelques-uns d'entre-vous sur cet intérêt pour le trip-hop, histoire de savoir si ça n'est dû qu'à moi ou à ce handicap que nous avons en commun. Deux chansons que je trouve vraiment réussies: So few Words (sublime à partir de 3:30) & le titre éponyme, avec son côté sirène apocalyptique. Je vous aurais bien mis des Live, mais l'arrangement ne me plaît pas. Mon expérience personnelle me fait dire qu'il vaut mieux les écouter seul, et au casque (ou aux écouteurs). Si quelqu'un avait un coup de cœur, qu'il sache que l'album s'appelle Londinium, et que c'est l'un des meilleurs albums de trip-hop jamais réalisés. Les textes valent aussi le détour.
- Marin
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Re: Ego
Ah oui, Björk, je l'ai oubliée! Elle aussi, je l'ai écoutée de nombreuses fois. D'ailleurs, je trouve son dernier album (Biophilia) très impressionnant. J'ai tout écouté d'elle, de nombreuses fois, et je trouve que Biophilia est son meilleur album avec Vespertine. Des chansons comme Virus (avec ces espèces de clochettes qui simulent le métabolisme et cette mélodie enjouée), Moon (pas de mots pour transcrire l'effet que ça me fait;) et Mutual Core (Harmoniquement merveilleux et joli texte) sont de vraies perles.
Björk a une capacité rare: c'est quelle arrive à mettre en musique et en sons des éléments qui sont normalement de l'ordre du visuel. Dans Moon, qui chante les cycles de la lune, il y a cette répétition inlassable du même arpège descendant, qui malgré son côté monotone est plutôt joyeux. C'est seulement avec l'arpège montant, superposé au premier, que surgissent ces harmonies aussi simples que touchantes, comme toujours avec Björk. Puis plus d'arpège: nouvelle lune. Et voilà que cela recommence. Le seul élément imprévisible de cette chanson, c'est la voix de Björk, qui prend du coup un relief très important. Dans Virus, il y a ces espèces de clochettes qui n'en finissent pas de tinter. On imagine facilement une myriade de petits acides aminés en train de s'assembler joyeusement, au rythme du ribosome. Dans Mutual Core, où le texte décrit les mouvements tectoniques, on entend ce bruit sourd, qui rappelle le glissement des plaques, et ces montées de chœurs qui ressemblent à du magma dans une cheminée, et puis cette espèce d'éruption électronique. Comme je le précise toujours, il faut vraiment les écouter au casque (ou aux écouteurs). Björk soigne le mixage à l'extrême, et sans casque, l'on passe à côté de la moitié de la musique (basses, timbre des chœurs...). C'est vrai pour un tas d'autres artistes aussi.
Moi aussi j'énervais ma mère! J'avais des espèces de tics vocaux quand j'étais enfant et adolescent: je ne pouvais pas m'empêcher de produire des petits sons (type "hum") en permanence, y compris devant la tv... Je connais aussi ce genre d'effet « transe » avec la musique. Je ne peux pas m'empêcher de doubler les lignes mélodiques ou rythmiques, que ce soit par la voix, le bruit ou le mouvement du corps. En règle générale, je n'écoute de la musique que lorsque je suis seul, parce que sinon la frustration est trop grande pour moi: quand il y a du monde, je suis inhibé et je me contrôle, et je me sens frustré.
Je confirme, c'est exténuant. Le pire, c'est que ça commence souvent doucement: je fredonne un peu, je bouge un peu, mais je continue à faire autre chose en même temps. Et puis à un moment, la musique prend le dessus, et je suis tellement accaparé par elle que je ne peux plus me consacrer à quoi que ce soit d'autre. Et ça dure jusqu'à ce que quelque chose me fasse sortir de cet état (généralement c'est la fin de l'album!). Après, lorsque j'ai une chanson dans la tête, elle occupe mes pensées pendant plusieurs jours voire semaines, souvent à l'exclusion de toute autre. L'écouter « en vrai » n'y change rien. Elle reste présente. Je me mets à la fredonner dès que je le peux, c'est-à-dire quand je suis seul ou que l'on ne m'entend pas. Ma spécialité, ce sont les arrêts de bus: le bruit des voitures dans la rue est si fort que je peux fredonner à voix haute sans être entendu; mais moi je m'entends .
En matière de contrôle, j'ai eu la chance d'être « positivement traumatisé » (si l'on peut dire...) étant enfant: ma mère était très exigeante, et mes instants d'égarement n'étaient pas tolérés. La conséquence, c'est que j'ai la hantise de me laisser aller à des comportements inappropriés en public (surtout au travail): il ne m'arrive donc jamais de fredonner une chanson malgré moi. Au contraire: je suis attentif à l'extrême, bien plus que mes collègues. A l'adolescence, j'étais absolument parfait dans mes gestes et mes comportements. Dans un contexte avec de nombreuses interactions sociales, je ne tiendrais pas longtemps. Cette forme d'attention me fatigue assez rapidement, surtout nerveusement. A un moment, je n'arrive plus à « être là »: les paroles ne sont plus qu'un brouhaha, un bruit de fond, et je décroche. Heureusement, dans mon travail, les contacts humains sont peu nombreux. C'est la raison pour laquelle je suis toujours heureux de retrouver mon arrêt de bus récréatif!
Ma chère Nadine, je te laisse : c'est l'heure de l'apéritif!
Marin.
Björk a une capacité rare: c'est quelle arrive à mettre en musique et en sons des éléments qui sont normalement de l'ordre du visuel. Dans Moon, qui chante les cycles de la lune, il y a cette répétition inlassable du même arpège descendant, qui malgré son côté monotone est plutôt joyeux. C'est seulement avec l'arpège montant, superposé au premier, que surgissent ces harmonies aussi simples que touchantes, comme toujours avec Björk. Puis plus d'arpège: nouvelle lune. Et voilà que cela recommence. Le seul élément imprévisible de cette chanson, c'est la voix de Björk, qui prend du coup un relief très important. Dans Virus, il y a ces espèces de clochettes qui n'en finissent pas de tinter. On imagine facilement une myriade de petits acides aminés en train de s'assembler joyeusement, au rythme du ribosome. Dans Mutual Core, où le texte décrit les mouvements tectoniques, on entend ce bruit sourd, qui rappelle le glissement des plaques, et ces montées de chœurs qui ressemblent à du magma dans une cheminée, et puis cette espèce d'éruption électronique. Comme je le précise toujours, il faut vraiment les écouter au casque (ou aux écouteurs). Björk soigne le mixage à l'extrême, et sans casque, l'on passe à côté de la moitié de la musique (basses, timbre des chœurs...). C'est vrai pour un tas d'autres artistes aussi.
Moi aussi j'énervais ma mère! J'avais des espèces de tics vocaux quand j'étais enfant et adolescent: je ne pouvais pas m'empêcher de produire des petits sons (type "hum") en permanence, y compris devant la tv... Je connais aussi ce genre d'effet « transe » avec la musique. Je ne peux pas m'empêcher de doubler les lignes mélodiques ou rythmiques, que ce soit par la voix, le bruit ou le mouvement du corps. En règle générale, je n'écoute de la musique que lorsque je suis seul, parce que sinon la frustration est trop grande pour moi: quand il y a du monde, je suis inhibé et je me contrôle, et je me sens frustré.
Je confirme, c'est exténuant. Le pire, c'est que ça commence souvent doucement: je fredonne un peu, je bouge un peu, mais je continue à faire autre chose en même temps. Et puis à un moment, la musique prend le dessus, et je suis tellement accaparé par elle que je ne peux plus me consacrer à quoi que ce soit d'autre. Et ça dure jusqu'à ce que quelque chose me fasse sortir de cet état (généralement c'est la fin de l'album!). Après, lorsque j'ai une chanson dans la tête, elle occupe mes pensées pendant plusieurs jours voire semaines, souvent à l'exclusion de toute autre. L'écouter « en vrai » n'y change rien. Elle reste présente. Je me mets à la fredonner dès que je le peux, c'est-à-dire quand je suis seul ou que l'on ne m'entend pas. Ma spécialité, ce sont les arrêts de bus: le bruit des voitures dans la rue est si fort que je peux fredonner à voix haute sans être entendu; mais moi je m'entends .
En matière de contrôle, j'ai eu la chance d'être « positivement traumatisé » (si l'on peut dire...) étant enfant: ma mère était très exigeante, et mes instants d'égarement n'étaient pas tolérés. La conséquence, c'est que j'ai la hantise de me laisser aller à des comportements inappropriés en public (surtout au travail): il ne m'arrive donc jamais de fredonner une chanson malgré moi. Au contraire: je suis attentif à l'extrême, bien plus que mes collègues. A l'adolescence, j'étais absolument parfait dans mes gestes et mes comportements. Dans un contexte avec de nombreuses interactions sociales, je ne tiendrais pas longtemps. Cette forme d'attention me fatigue assez rapidement, surtout nerveusement. A un moment, je n'arrive plus à « être là »: les paroles ne sont plus qu'un brouhaha, un bruit de fond, et je décroche. Heureusement, dans mon travail, les contacts humains sont peu nombreux. C'est la raison pour laquelle je suis toujours heureux de retrouver mon arrêt de bus récréatif!
Ma chère Nadine, je te laisse : c'est l'heure de l'apéritif!
Marin.
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Re: Ego
Merci Marin pour ta longue et circonstanciée réponse. J'aimerais juste savoir comment tu vis tous ces contrôles et "la hantise de te laisser aller" ? Comment vis-tu aussi le fait de garder en tête des musiques pendant "plusieurs jours, voire des semaines" ? Je me trouve actuellement à un moment de ma vie où je supporte de moins en moins, peut-être est-ce l'âge, toutes ces choses répétitives et l'aspect technique pur. J'ai de moins en moins envie de faire des choses qui me "bouffent" tout mon temps, j'ai envie de relation sociale mais je me sens bien incapable d'en entretenir, voire d'en entamer. J'ai un compte Facebook avec une cinquantaine d'amis et d'amies, mais je suis toujours en train de m'interroger si je peux dire ou faire ceci ou cela. Par exemple, dans mon réseau Facebook, il y a une personne qui a un certain nombre d'amis et qui fait le buzz. Avec tous les commentaires que je mets et ceux de ses amis, les miens peuvent être en concordance avec ceux d'autres amis de cette personne. Ce qui fait que nous nous retrouvons, eux et moi, certains points communs. Aussi, j'aimerais bien créer un lien avec ces personnes, mais j'hésite énormément en me demandant si ma demande est légitime ou pas. Ou si je n'outrepasse pas mes droits ? Ou...
Merci Marin de répondre à mes commentaires, car il me semble que tu dois être le seul à rester sur ce forum. Maudites vacances, j'arrive au mauvais moment ! Et quelle chance tu as d'être au chaud et soleil. Bon apéritif !
Nadine
Merci Marin de répondre à mes commentaires, car il me semble que tu dois être le seul à rester sur ce forum. Maudites vacances, j'arrive au mauvais moment ! Et quelle chance tu as d'être au chaud et soleil. Bon apéritif !
Nadine
- Marin
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Re: Ego
Hello Nadine,
D'abord, je suis désolé de ne te répondre que maintenant. J'étais très pris par mon travail, y compris ce week-end. Je fais des heures sup. gratuites - on peut dire que je suis l'employé en or.
En ce qui concerne les vacances, c'est vrai que c'est un peu la morte-saison sur le net. Les gens préfèrent sortir. Pour ce qui est de ma chance d'être au chaud et au soleil, Nadine, crois-moi, s'il je n'avais pas de contraintes personnelles et professionnelles, je te proposerais d'échanger nos places illico. Je ne supporte ni la chaleur ni cette saison maudite, surtout lorsque je dois travailler. Et encore, je ne me plains pas trop: il fait moins chaud à Nice (28-29°) qu'ailleurs (37° à Bordeaux, 35° en Corse). Mais on est loin de mon Jura natal. Il paraît qu'il faut savoir se contenter de ce qu'on a. Heureusement, dans quelques mois ce sera enfin fini.
Le fait d'avoir une musique en tête pendant très longtemps, je le vis très bien. Je limite beaucoup ce qui peut rentrer dans ma tête, ce qui fait qu'en général, les musiques concernées sont des oeuvres que j'apprécie. Comme je mémorise les sons avec une grande facilité, ça passe dans ma tête exactement comme si j'avais un baladeur sur les oreilles. Au-delà du simple diversissement, j'ai remarqué qu'avoir des formules musicales répétitives en tête est l'un des meilleurs outils de concentration dont je dispose. Le fait d'entendre la musique défiler sans sa tête me plonge dans un état différent de l'état dit « normal ». C'est une sorte d'autarcie, une bulle hermétique, qui me permet du coup de me concentrer très intensément. D'ailleurs, l'important là-dedans reste la rythmique, pas l'hamonie: un bruit régulier et répétitif (comme le tic tac d'une horloge) produit sur moi le même effet. On peut contrôler les musiques que l'on veut avoir en tête: moi j'écoute presque tous les jours, en boucle, la bande originale de Solaris (Soderbergh, 2002). Je n'aime pas le film, mais je trouve que cette musique a été faite sur mesure pour moi. Ca fait 5 ou 6 ans que je l'écoute en boucle. Si ça te plaît, clique ici.
Là où c'est ennuyeux, c'est que ça m'empêche souvent de m'endormir: la musique agit sur moi comme une espèce de stimulant, et si je me couche avec une musique en tête, je passe met systématiquement 1 ou 2 heures à m'endormir, parce que je ne parviens pas à m'arrêter de penser. Au final, il faut apprendre à gérer ce rapport particulier aux sons, organiser sa vie en conséquence.
Pareil: lorsque je rentre du travail (comme c'est le cas ce soir), je suis littéralement lessivé. J'ai beaucoup de mal à parler et à comprendre ce qu'on me dit, je suis incapable de penser quoi que ce soit de cohérent et d'un peu compliqué. Il me faut parfois plus de deux heures, écouteurs sur les oreilles et regard dans le vide, pour arriver à émerger et à retrouver un minimum d'énergie. On voit encore le rôle prépondérant de la musique au quotidien. Ca n'est d'ailleurs pas anodin à vivre au quotidien, surtout lorsque l'on est extérieur. Fort heureusement, j'ai trouvé la perle rare, et c'est vraiment une grande chance.
Pour ce qui est de la hantise de me laisser aller, ma foi, je crois que le fait que j'y sois habitué ne me rend plus très objectif. J'ai très tôt été cadré: il y a des choses qui se font en public, et d'autres qui ne se font pas, etc. Dit autrement: « Il y a un temps pour tout. » Lorsque je travaille, ou même que je sors dans la rue, je ne me permets pas d'être moi-même. Je ne le suis que chez moi, et encore, uniquement seul ou avec un nombre restreint de personnes. Endurer les vexations du quotidien est plus facile lorsque l'on sait qu'une fois chez soi, on aura la paix. D'ailleurs, lorsque je ne l'ai pas, je ne réponds plus de rien!
Pour un Asperger, je me débrouille plutôt bien socialement. Je fais partie de ceux à qui l'on répond « Ah bon? Autiste? Eh ben ça se voit pas du tout! », sur un ton qui veut sûrement dire « non mais pour qui il me prend celui-là? Il est aussi autiste que moi! ». On en revient toujours au même: une fois les symptômes les plus grossiers corrigés, la pathologie cesse d'exister aux yeux des autres. Personne ne sait pourtant l'énergie folle que je dois dépenser chaque jour pour paraître le plus normal, le plus « cool » possible. L'anxiété quotidienne, le degré de concentration nécessaire pour décrypter leurs phrases aussi anodines qu'incompréhensibles, l'implicite qui est partout et que je peine à comprendre, les rires et sons en tout genre à 80 dB sans prévenir... Sans parler de l'irrespect total pour le travail d'autrui, qui pousse la plupart d'entre-eux à produire un travail médiocre (voire carrément merdique) tout en saccageant ce que quelques autres font avec sérieux et abnégation.
Dans mes relations sociales, je joue un rôle. Ca a toujours été le cas. C'est un rôle de composition, inspiré d'élements empruntés à droite et à gauche (membres de ma famille, personnages de films, commerçants atypiques...). Dans tous les cas, les comportements que j'ai repris ont pour eux de fonctionner: ils ne sont pas ambigus, et constituent des réponses correctes à ce que les autres attendent de moi. Après une vingtaine d'année passée à pratiquer cette forme d'imitation, le processus s'assimile aujourd'hui à un réflexe: je n'ai plus besoin de réfléchir pour trouver une réponse appropriée aux situations les plus courantes. « Ca sort tout seul », et cela me conduit souvent à exprimer l'inverse de ce que je pense. Par exemple, j'approuve telle ou telle décision sur le réseau xyz alors qu'en fait, j'ai en tête la certitude que c'est une erreur. C'est en quelque sorte un réflexe de socialisation: comme je ne sais pas comment exprimer mon désaccord (surtout à mon supérieur, que mes considérations de bon sens indiffèrent), j'opte pour un timide « Oui, d'accord ».
Moi aussi j'ai un compte Fb avec quelques amis (45! Record.), mais je ne l'utilise pas beaucoup, bien que j'y sois connecté en permanence. C'est un peu paradoxal: j'ai un compte à peu près partout, Fb, Twitter, G+, LinkedIn, Viadeo, Live, So.cl... Tous ces comptes sont liés entre-eux: si je poste sur un, ça se répercute à la vitesse de l'éclair sur tous les autres. L'ennui, c'est que ça n'intéresse personne parce que... je ne connais personne! Je ne discute quasiment jamais avec mes contacts Fb. Ceci dit, si tu veux m'ajouter à tes propres amis, ce sera avec plaisir.
Pour tes propres connaissances sur Fb, j'ai remarqué qu'il ne faut visiblement pas se poser trop de questions. Les gens ne réfléchissent jamais aussi intensément que nous avant d'agir. Ils cliquent sur "ajouter à mes amis" au gré de leurs pérégrinations, et souvent ils ont oublié qui ils ont invité au bout de trois jours... Ils se fichent éperdument de la légitimité de ta demande. Au pire, ils te diront non parce ta tête ne leur reviendra pas, ce qui ne sera pas une grosse perte pour toi!
Je te laisse ici, c'est l'heure de ma bière!
Bises,
M.
D'abord, je suis désolé de ne te répondre que maintenant. J'étais très pris par mon travail, y compris ce week-end. Je fais des heures sup. gratuites - on peut dire que je suis l'employé en or.
En ce qui concerne les vacances, c'est vrai que c'est un peu la morte-saison sur le net. Les gens préfèrent sortir. Pour ce qui est de ma chance d'être au chaud et au soleil, Nadine, crois-moi, s'il je n'avais pas de contraintes personnelles et professionnelles, je te proposerais d'échanger nos places illico. Je ne supporte ni la chaleur ni cette saison maudite, surtout lorsque je dois travailler. Et encore, je ne me plains pas trop: il fait moins chaud à Nice (28-29°) qu'ailleurs (37° à Bordeaux, 35° en Corse). Mais on est loin de mon Jura natal. Il paraît qu'il faut savoir se contenter de ce qu'on a. Heureusement, dans quelques mois ce sera enfin fini.
Le fait d'avoir une musique en tête pendant très longtemps, je le vis très bien. Je limite beaucoup ce qui peut rentrer dans ma tête, ce qui fait qu'en général, les musiques concernées sont des oeuvres que j'apprécie. Comme je mémorise les sons avec une grande facilité, ça passe dans ma tête exactement comme si j'avais un baladeur sur les oreilles. Au-delà du simple diversissement, j'ai remarqué qu'avoir des formules musicales répétitives en tête est l'un des meilleurs outils de concentration dont je dispose. Le fait d'entendre la musique défiler sans sa tête me plonge dans un état différent de l'état dit « normal ». C'est une sorte d'autarcie, une bulle hermétique, qui me permet du coup de me concentrer très intensément. D'ailleurs, l'important là-dedans reste la rythmique, pas l'hamonie: un bruit régulier et répétitif (comme le tic tac d'une horloge) produit sur moi le même effet. On peut contrôler les musiques que l'on veut avoir en tête: moi j'écoute presque tous les jours, en boucle, la bande originale de Solaris (Soderbergh, 2002). Je n'aime pas le film, mais je trouve que cette musique a été faite sur mesure pour moi. Ca fait 5 ou 6 ans que je l'écoute en boucle. Si ça te plaît, clique ici.
Là où c'est ennuyeux, c'est que ça m'empêche souvent de m'endormir: la musique agit sur moi comme une espèce de stimulant, et si je me couche avec une musique en tête, je passe met systématiquement 1 ou 2 heures à m'endormir, parce que je ne parviens pas à m'arrêter de penser. Au final, il faut apprendre à gérer ce rapport particulier aux sons, organiser sa vie en conséquence.
Pareil: lorsque je rentre du travail (comme c'est le cas ce soir), je suis littéralement lessivé. J'ai beaucoup de mal à parler et à comprendre ce qu'on me dit, je suis incapable de penser quoi que ce soit de cohérent et d'un peu compliqué. Il me faut parfois plus de deux heures, écouteurs sur les oreilles et regard dans le vide, pour arriver à émerger et à retrouver un minimum d'énergie. On voit encore le rôle prépondérant de la musique au quotidien. Ca n'est d'ailleurs pas anodin à vivre au quotidien, surtout lorsque l'on est extérieur. Fort heureusement, j'ai trouvé la perle rare, et c'est vraiment une grande chance.
Pour ce qui est de la hantise de me laisser aller, ma foi, je crois que le fait que j'y sois habitué ne me rend plus très objectif. J'ai très tôt été cadré: il y a des choses qui se font en public, et d'autres qui ne se font pas, etc. Dit autrement: « Il y a un temps pour tout. » Lorsque je travaille, ou même que je sors dans la rue, je ne me permets pas d'être moi-même. Je ne le suis que chez moi, et encore, uniquement seul ou avec un nombre restreint de personnes. Endurer les vexations du quotidien est plus facile lorsque l'on sait qu'une fois chez soi, on aura la paix. D'ailleurs, lorsque je ne l'ai pas, je ne réponds plus de rien!
Pour un Asperger, je me débrouille plutôt bien socialement. Je fais partie de ceux à qui l'on répond « Ah bon? Autiste? Eh ben ça se voit pas du tout! », sur un ton qui veut sûrement dire « non mais pour qui il me prend celui-là? Il est aussi autiste que moi! ». On en revient toujours au même: une fois les symptômes les plus grossiers corrigés, la pathologie cesse d'exister aux yeux des autres. Personne ne sait pourtant l'énergie folle que je dois dépenser chaque jour pour paraître le plus normal, le plus « cool » possible. L'anxiété quotidienne, le degré de concentration nécessaire pour décrypter leurs phrases aussi anodines qu'incompréhensibles, l'implicite qui est partout et que je peine à comprendre, les rires et sons en tout genre à 80 dB sans prévenir... Sans parler de l'irrespect total pour le travail d'autrui, qui pousse la plupart d'entre-eux à produire un travail médiocre (voire carrément merdique) tout en saccageant ce que quelques autres font avec sérieux et abnégation.
Dans mes relations sociales, je joue un rôle. Ca a toujours été le cas. C'est un rôle de composition, inspiré d'élements empruntés à droite et à gauche (membres de ma famille, personnages de films, commerçants atypiques...). Dans tous les cas, les comportements que j'ai repris ont pour eux de fonctionner: ils ne sont pas ambigus, et constituent des réponses correctes à ce que les autres attendent de moi. Après une vingtaine d'année passée à pratiquer cette forme d'imitation, le processus s'assimile aujourd'hui à un réflexe: je n'ai plus besoin de réfléchir pour trouver une réponse appropriée aux situations les plus courantes. « Ca sort tout seul », et cela me conduit souvent à exprimer l'inverse de ce que je pense. Par exemple, j'approuve telle ou telle décision sur le réseau xyz alors qu'en fait, j'ai en tête la certitude que c'est une erreur. C'est en quelque sorte un réflexe de socialisation: comme je ne sais pas comment exprimer mon désaccord (surtout à mon supérieur, que mes considérations de bon sens indiffèrent), j'opte pour un timide « Oui, d'accord ».
Moi aussi j'ai un compte Fb avec quelques amis (45! Record.), mais je ne l'utilise pas beaucoup, bien que j'y sois connecté en permanence. C'est un peu paradoxal: j'ai un compte à peu près partout, Fb, Twitter, G+, LinkedIn, Viadeo, Live, So.cl... Tous ces comptes sont liés entre-eux: si je poste sur un, ça se répercute à la vitesse de l'éclair sur tous les autres. L'ennui, c'est que ça n'intéresse personne parce que... je ne connais personne! Je ne discute quasiment jamais avec mes contacts Fb. Ceci dit, si tu veux m'ajouter à tes propres amis, ce sera avec plaisir.
Pour tes propres connaissances sur Fb, j'ai remarqué qu'il ne faut visiblement pas se poser trop de questions. Les gens ne réfléchissent jamais aussi intensément que nous avant d'agir. Ils cliquent sur "ajouter à mes amis" au gré de leurs pérégrinations, et souvent ils ont oublié qui ils ont invité au bout de trois jours... Ils se fichent éperdument de la légitimité de ta demande. Au pire, ils te diront non parce ta tête ne leur reviendra pas, ce qui ne sera pas une grosse perte pour toi!
Je te laisse ici, c'est l'heure de ma bière!
Bises,
M.