L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

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Marin
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L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par Marin »

Bonjour à tous,

Depuis quelques temps apparaissent des reportages étranges, théoriquement consacrés à l'autisme, et qui axent leurs problématiques autours de phénomènes qui ne relèvent pas, à proprement parler, de l'autisme. La multiplication de ce type de reportages commence à sévèrement m'agacer, et je voudrais avoir votre avis sur la question. Le point commun de tous ces reportages, c'est qu'ils nomment « autisme » des états pathologiques qui n'ont rien d'inné, et tout de l'acquis.

Reportages
Le premier reportage que j'ai vu concernait les cas de plusieurs enfants, présentés comme autistes, que l'on a réussi à « guérir » au moyen d'un traitement antibiotique. L'on apprend au cours du reportage que leur état était dû à un stade avancé de la maladie de Lyme. Je rappelle que cette maladie est causée par une bactérie, transmise par divers parasites de type tiques. En l'absence de traitement, des complications neurologiques finissent par apparaître et par causer des symptômes proches de ceux de l'autisme (hypersensibilité sensorielle, altération du langage, fascination passive pour certains phénomènes, etc.). Après un traitement approprié, les enfants « autistes » redevenaient eux-mêmes, justifiant ainsi le titre provocateur du reportage: « un espoir pour l'autisme ».

Le second reportage (Arte, 16 juin dernier) présentait l'autisme comme une menace sérieuse pour la santé publique, en invoquant une explosion des cas d'autisme au cours des dernières décennies, qui ne saurait être expliquée seulement par l'amélioration des diagnostics. Le reportage avançait la piste d'une cause environnementale (bactérienne), parce que cette explosion de cas aurait principalempent lieu dans les classes sociales les plus défavorisées, et notamment celle des migrants en provenance d'Afrique. Là encore, une mère témoigne: « Au début, tout allait bien, puis vers l'âge de X il a cessé de communiquer et s'est replié sur lui-même. » Témoignage qui entre en contradiction frontale avec l'hypothèse d'une origine génétique de l'autisme. Luc Montagnier dirige un des rares groupes d'étude dédiés à la mise en évidence de causes bactériennes de l'autisme (hypothèse impliquant des neurotoxines d'origine intestinale). Dans l'interview qui accompagne le reportage d'Arte, qui ne fait la promotion que de cette seule théorie, le professeur cite l'augmentation du nombre de vaccins et des rayonnements électromagnétiques comme autant de causes potentielles de l'autisme. Soit.

Objections
J'ai toujours eu la sensation que le plus gros défi de l'autisme, c'est qu'il est toujours appréhendé de l'extérieur. Ce que les gens voient, ce sont les symptômes, pas ce qui les sous-tend. Réduire l'autisme à ses symptômes, cela revient à passer à côté de ce qui constitue le coeur de ce handicap. Le caractère intérieur de l'autisme le rend extrêmement difficile à cerner et à comprendre. Pour un scientifique, la tentation peut être grande de ne pas s'aventurer au-delà du visible, et de ne définir l'autisme qu'à l'aulne de ses symptômes. C'est pourtant une erreur, et cela mène à ce type de reportages, avec des Luc Montagnier en tête de gondole en guise de caution. Pour bien montrer le choix délibéré de la confusion, je cite M. Montagnier:
Luc Montagnier a écrit :À l'origine, l'autisme était décrit juste après la naissance, parce que c'est quelque chose qu'on détecte tout de suite chez l'enfant nouveau-né. Mais il existe maintenant une forme plus fréquente, qui est ce qu'on appelle l'autisme régressif, c'est-à-dire qu'au bout de deux ans, trois ans, l'enfant était normal et bruquement il entre dans l'autisme. Il a des problèmes de communication avec ses parents, et notamment avec la mère*. Donc cette forme est plus fréquente à l'heure actuelle, et c'est celle-ci peut-être qui est plus facile à traiter que les autres formes d'autisme.
Cette confusion volontaire entre autisme typique et autisme régressif ramène l'autisme au rang d'une pathologie, au-même titre que toute autre maladie. Comme toute pathologie, l'autisme devient alors « guérissable », comme le dit sans détour Luc Montagnier:
Luc Montagnier a écrit :Nous avons un certain nombre de résultats chez ces enfants autistes, puisque nous faisons disparaître les symptômes de l'autisme. (...) Donc c'est un message d'espoir qu'on peut donner aux parents: est-ce que l'autisme est incurable ? Non, il n'est pas incurable. Il s'agit pour nous de trouver les facteurs et de les traiter.
Il a fallu des décennies d'éducation et de communication pour parvenir à extraire quelques rares médecins du carcan psychanalytique. Mais enfin, la dynamique semble être en marche. Et voici qu'à nouveau, la réalité de l'autisme est niée d'une autre manière, sans aucune certitude scientifique, par des individus au prestige surévalué qui commencent à flairer le pactole. Un peu comme le SIDA quoi. Car ne nous y trompons pas, l'autisme, ça commence à devenir bankable, et ça attire bien des ambitieux. D'ailleurs, M. Montagnier est vraiment un génie interplanétaire, car:
Luc Montagnier a écrit :On peut transposer la théorie dont j'ai parlé pour l'autisme à des maladies qui atteignent des sujets adultes comme la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
Et toc! Le tout annoncé sans les précautions d'usage; après tout, il fait un reportage, il ne publie pas dans Nature. Cette légèreté me révolte.

Je ne nie pas pour autant la réalité des cas cités par ces reportages et leur cortège d'études. Je pense simplement que leur caractérisation en tant que cas d'autisme est fausse. L'autisme régressif n'a d'autisme que le nom et quelques symptômes. La proximité s'arrête là. D'ailleurs, il ne fait pas partie de la catégorie des TSA. Au contraire de son corollaire dit régressif, l'autisme « véritable » (puisqu'on en est réduit à l'appeler comme ça) est irréversible et implique des différences neuro-anatomiques qui font partie intégrante de la personne qui en est porteuse. Je vais dire une évidence, mais on ne guérit pas de soi-même. L. Montagnier le concède d'ailleurs bien volontiers quand il fait la distinction entre les deux variantes de l'autisme, dont seule la seconde est curable. Je suis le premier à me réjouir de la guérison des enfants dont parlent ces reportages. C'est incontestablement une victoire sur la maladie, et je la salue comme il se doit. Mais je pense qu'il ne faut pas non plus oublier ceux pour qui le mot « autisme » a originellement été créé, et pour qui il signifie bien plus qu'une infection bactérienne curable.

C'est con à dire, mais ce mot permet de caractériser un faisceau d'éléments qui avant le diagnostic sont souvent vécus comme des défauts personnels. Le caractère intime et atypique de ces particularismes pousse largement à les garder pour soi et à les gérer seul, parfois avec des conséquences dramatiques. Beaucoup d'autistes (principalement Asperger) se sont plus ou moins longtemps considérés comme des « erreurs », et ont développé l'estime de soi qui va avec. Le mot autisme c'est avant tout l'occasion de se rendre compte qu'on n'est pas tout seul, que d'autres partagent en partie ce fonctionnement que l'on pensait être un défaut. C'est aussi l'occasion d'apprendre à le connaître, parce que le mot permet l'échange, la verbalisation de choses qui, en l'absence de références, étaient tues. Avec ce mot, on peut expliquer aux autres pourquoi telle ou telle personne n'agit pas comme on s'y attendrait, pourquoi tel ou tel comportement ne doit pas être pris pour ce qu'il semble être. C'est aussi une possibilité de progresser: parce que l'autisme est nommé, que ses principales caractéristiques sont circonscrites, l'on est en mesure d'amener telle ou telle personne à améliorer son relationnel ou son anxiété.

Avec ce genre de reportages, les cartes sont brouillées. Les fondements neurologiques de l'autisme sont niés: nul besoin de s'intéresser au fonctionnement intérieur de personnes victimes d'une simple infection bactérienne, qui plus est curable. Dans quelques années, avec la banalisation de ce genre de confusions, que va-t-on nous dire ? « Vous êtes autiste ? Oh mais ça se soigne, je l'ai vu dans un reportage. » ou bien « Non ça n'est pas génétique. Si vous ne voulez pas vous soigner, c'est votre problème. » « Oh, autiste, mais... c'est pas une infection bactérienne ? Vous êtes contagieux ? »

Oui l'autisme régressif existe. Oui, les travaux de M. Montagnier et de ses confrères sont importants, fondamentaux même, pour guérir les personnes qui en sont atteintes. Oui, il y a des symptômes communs. Mais non, ce n'est pas la même pathologie. Les mots ont un sens ; personne ne les obligeait à employer celui-là. L'autisme est suffisamment méconnu pour qu'on n'ait pas besoin de ce genre de confusions. Mais il est vrai que comme tremplin médiatique, année de l'autisme etc., l'occasion était trop belle. Elle ne l'est pas que pour les médecins d'ailleurs: il y a un post sur ces forums à propos d'une mode qui consiste à se faire passer pour de faux autistes. L'on voit bien que l'on est en train de faire d'un handicap un produit commercial, à grand coup de désinformation, de films ridicules et de séries caricaturales, le tout saupoudré d'une espèce de « fierté d'être autiste » mal placée distillée par certaines associations.

Maintenant, question: suis-je un réactionnaire trop émotif, ou bien y-a-t-il un réel problème ?

________________________

* On ne voit pas trop ce qui justifie que l'on mentionne la mère à cet endroit de la conversation. Sûrement une sensibilité héritée de la psychanalyse, comme:
Luc Montagnier a écrit :Il ne faut pas forcer l'enfant à manger ce qu'il ne veut pas manger.
et
Luc Montagnier a écrit :Il faut que ce qu'il mange lui plaise.
et
Luc Montagnier a écrit :Ne pas le brusquer avec des choses dont il ne veut pas.
On n'est pas loin de l'A.B.A. comme technique de dressage...


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Urban Shaman
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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par Urban Shaman »

Marin a écrit : Oui l'autisme régressif existe. Oui, les travaux de M. Montagnier et de ses confrères sont importants, fondamentaux même, pour guérir les personnes qui en sont atteintes.
Si je comprends bien l'autisme dit régressif ne serait pas de l'autisme? Car on ne guérit pas l'autisme, on est autiste ou pas.


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samoju83
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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par samoju83 »

C'est bien la première fois que je lis un post " pavé" en entier. Peut-être parce que je trouve que la réflexion est intéressante.
Les mots ont un sens ; personne ne les obligeait à employer celui-là. L'autisme est suffisamment méconnu pour qu'on n'ait pas besoin de ce genre de confusions.
C'est un peu l impression que j'ai actuellement, que ce mot est suremployé. Mais ce n'est que la vision d une maman qui a de plus en plus de mal à reconnaitre ses enfants dans " l image " de l'autisme véhiculée un peu partout.


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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par Inconnu992 »

C'est con à dire, mais ce mot permet de caractériser un faisceau d'éléments qui avant le diagnostic sont souvent vécus comme des défauts personnels. Le caractère intime et atypique de ces particularismes pousse largement à les garder pour soi et à les gérer seul, parfois avec des conséquences dramatiques. Beaucoup d'autistes (principalement Asperger) se sont plus ou moins longtemps considérés comme des « erreurs », et ont développé l'estime de soi qui va avec. Le mot autisme c'est avant tout l'occasion de se rendre compte qu'on n'est pas tout seul, que d'autres partagent en partie ce fonctionnement que l'on pensait être un défaut. C'est aussi l'occasion d'apprendre à le connaître, parce que le mot permet l'échange, la verbalisation de choses qui, en l'absence de références, étaient tues. Avec ce mot, on peut expliquer aux autres pourquoi telle ou telle personne n'agit pas comme on s'y attendrait, pourquoi tel ou tel comportement ne doit pas être pris pour ce qu'il semble être. C'est aussi une possibilité de progresser: parce que l'autisme est nommé, que ses principales caractéristiques sont circonscrites, l'on est en mesure d'amener telle ou telle personne à améliorer son relationnel ou son anxiété.
Expliquer à une personne qui a des préjugés sur toi me paraît assez bizzare surtout dans une société de plus en plus normative...
Avec ce genre de reportages, les cartes sont brouillées. Les fondements neurologiques de l'autisme sont niés: nul besoin de s'intéresser au fonctionnement intérieur de personnes victimes d'une simple infection bactérienne, qui plus est curable. Dans quelques années, avec la banalisation de ce genre de confusions, que va-t-on nous dire ? « Vous êtes autiste ? Oh mais ça se soigne, je l'ai vu dans un reportage. » ou bien « Non ça n'est pas génétique. Si vous ne voulez pas vous soigner, c'est votre problème. » « Oh, autiste, mais... c'est pas une infection bactérienne ? Vous êtes contagieux ? »
C'est la raison pour laquelle je me fais douloureusement à l'idée que ca sert plus à rien d'en parler et que vaut mieux que je crève à force de m'avoir sur adapter plutôt que d'avoir été dire partout les quatres vérités aux gens...

Oui l'autisme régressif existe. Oui, les travaux de M. Montagnier et de ses confrères sont importants, fondamentaux même, pour guérir les personnes qui en sont atteintes. Oui, il y a des symptômes communs. Mais non, ce n'est pas la même pathologie. Les mots ont un sens ; personne ne les obligeait à employer celui-là. L'autisme est suffisamment méconnu pour qu'on n'ait pas besoin de ce genre de confusions.
Mais il est vrai que comme tremplin médiatique, année de l'autisme etc., l'occasion était trop belle. Elle ne l'est pas que pour les médecins d'ailleurs: il y a un post sur ces forums à propos d'une mode qui consiste à se faire passer pour de faux autistes. L'on voit bien que l'on est en train de faire d'un handicap un produit commercial, à grand coup de désinformation, de films ridicules et de séries caricaturales, le tout saupoudré d'une espèce de « fierté d'être autiste » mal placée distillée par certaines associations.
Les médias adorent se focaliser sur toute pathologie ou on met en avant un comportement inadaptée,associal.Comme ca on justifie des procédés digne de dictatures:chantage,manipulation psychologique,t'empêcher de dire vraiment ce que tu pense,te gaver de médicaments...
Maintenant, question: suis-je un réactionnaire trop émotif, ou bien y-a-t-il un réel problème ?
Tu n'est pas réactionnaire.Pas comme l'action française.Il y'a un problème :on montre aux gens en fait ce qu'ils pensent tout bas plutôt que de leur faire ouvrir les yeux....
C'est un peu l impression que j'ai actuellement, que ce mot est suremployé. Mais ce n'est que la vision d une maman qui a de plus en plus de mal à reconnaitre ses enfants dans " l image " de l'autisme véhiculée un peu partout.
Disons que ca fait partit des qualificatifs péjoratifs pour désigner une personne qui ne communique pas.Le personne qui est vraiment autiste:on s'en fiche et on la laisse dans son jus.


Kain
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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par Kain »

C'est pour le moins douteux d'utiliser des confusions aussi grosses, surtout pour des personnes apparemment assez douées pour savoir de quoi elles parlent. Soit elles ne sont pas aussi qualifiées que ça pour en parler, ce qui est inquiétant, soit la confusion est volontaire, ce qui est non seulement une insulte et un mépris sans bornes alloué aux véritables autistes, ceux qui ne guérissent pas, mais un crime moral aussi, les gens globalement ne connaissent déjà rien a l'autisme comme ça, mais en regardant ça, rien ne va s'arranger, avec comme répercussions des méprises a notre égard. Pire encore, que doit'on craindre factuellement au final? Pas dans l’immédiat mais dans un avenir plus ou moins proche. La confusion semble trop volontaire, ce n'est pas anodin.

Dans le meilleur des cas, la duperie tombes a l'eau parce qu'elle est trop évidente. Autrement, vu que le syndrome d'asperger et l'autisme de haut-niveau sont assez mal connu et non admis par certains praticiens, psychiatres compris (c'est une psychologue qui me l'a dit, par le biais d'un parent), le terrain reste malléable et pas forcément pour le meilleur, on pensera bien sur aux cortèges de psychiatres travaillant main dans la main avec les industries pharmaceutiques pour nous vendre leurs pilules miracle, intérêt monétaire avant tout. Bon c'est un peu imagées, tout les psychiatres ne serons pas comme ça, les psychiatres uniquement.

Bon, bien entendu, le plus étrange est qu'on laisse n'importe qui propager n'importe quoi sur l'autisme(ou tout autre sujet d'ailleurs). Un trouble incurable n'est peut'être pas assez intéressant ou pas rentable. Semer la confusion volontairement reviens a mentir; pour manipuler peut-être, surtout dans un sujet sérieux. Je ne vois pas la volonté de nous aider la dedans. D'un certain côté, ce n'est pas très étonnant ce genre de reportage, c'est l'habitude de voir des âneries a la télévision et ses informations erronées. De manière général, les gens ne prêtent guère attentions aux sens de chaque mots, et on peut dire que la frontière entre la compréhension et son absence est très mince. Pour cause, un seul mot peut changer le sens d'une phrase. C'est par commodité, le monde va trop vite pour observer et comprendre. C'est malheureux mais c'est une faille assez facile a utiliser.


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Marin
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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par Marin »

J'étais en train de parcourir les numéro de Nature parus en 2010 quand je suis tombé sur un article justement consacré à Luc Montagnier et à ses recherches sur le lien entre autisme et infection. Le papier est plutôt neutre, mais montre tout de même les zones d'ombre du personnage et de ses travaux. Il a été écrit au moment où l'étude allait commencer, en décembre 2010.

J'ai extrait la page : http://sdrv.ms/MjcNpY

Note: Pour anglophones uniquement.


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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par nana »

Bonsoir Marin,

Malaise en lisant ce sujet...

J'ai vu le reportage sur Arte dont tu parles qui traitait d'une cause de l'autisme qui serait bactérienne (intestinale). Elle est passée juste après les 2 avant-derniers épisodes d'Orgueil & Préjugé (1995).

Je ne cite pas les infos que j'ai apprises car avant, il faudrait que je revois le documentaire et que je prenne des notes.

Toutefois, j'ai compris qu'au delà des mots utilisés (autisme?) pour décrire ce qui affectait une vie normale ou possiblement heureuse de ces enfants, il y avait eu un agent opérant: l’absorption d'antibiotique par l'enfant. Puis la conséquence: dérèglement de la flore intestinale, puis effet rétro-agissant sur les "neurones" du cerveau etc. puis comportement socialement affecté durablement.
Je cite: repli sur soi, évitement des autres, posture systématique sur la pointe des pieds, indisponibilité mentale de la personne pour apprendre etc.

A la fin, il a été clairement dit que trouver un traitement pour "rééquilibrer" la flore intestinale n'était actuellement pas faisable. Donc les enfants qui avaient suivis un traitement dans ce sens avaient régréssés une fois la durée de la prescription terminée.

Ne sachant pas s'il s'agissait d'autisme au sens strict, j'ai laissé la question en suspend.

Stratégiquement, quand recourir à un mot empêche de voir plus clair, je jette le mot et je pense "phénomène". Continuer à réfléchir à partir du mot risquerait alors d'obscurcir la pensée.

Les questions que je me suis posées étaient:

- j'ai déjà entendu parlé de repli sur soi & de mutisme chez des enfants qui étaient issus d'une population migrante en France et d'origine africaine. Avoir voulu parler du sujet sur un plan ethno anthropologique m'avait valu une expulsion couverte de chez AAF. (Je ne leur en veux plus, ils sont définitivement sortis de ma vie).
Tiens, me suis-je dis, il faudra que j'enquête sur la question en lisant sur l'évolution de la population migrante des Falachas (juifs d'Ethiopie) en Israël.

- tiens ça me rappelle
  • - certains amis aspie qui m'ont dit souffrir de troubles digestifs indisposant...
    Au fait, sur un plan trivial, il m'arrive suffisamment souvent d'avoir des troubles de l'estomac et je vous assure que ça fait si mal que ma tête disjoncte! (Ne rien me demander pendant ces périodes).
    - un livre écrit par le défunt (2011) David Servan-Schreiber intitulé Guérir (2003) à propos du lien miroir entre le ventre et le cerveau.
Et pour finir, la question qui fut la plus dérangeante pour moi fut:
A partir de quand la doctrine d'une science cède t-elle à une nouvelle? Dit autrement, la science avance avec son temps. Il fut une époque où l'autisme était "pensé" psychiatrique ou affectif; puis une autre où il fut pensé "neurologique". Demain, que sera t-il pensé? Avec quelles découvertes? Et si demain commençait maintenant, comment ferais-je pour accepter ce glissement, ce changement?

Bref, savoir quelque chose permet d'agir de manière ciblée sur le "mal". Si mon enfant souffre je veux l'aider à ne plus souffrir. Ce qu'on me propose aide t-il mon enfant à aller mieux ou pas? Si oui, au delà du nom que porte cet agent améliorant, la réalité qui fait que mon enfant est disponible pour lui même et les autres est l'important.
Mais d'autre fois, savoir "la chose" empêche toute avancée.

Merci , Marin, pour le questionnement que pose ton post.

Nana.


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Marin
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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par Marin »

( Je m'excuse d'avance pour le pavé :| )

Réponses à Updating-boy et à Nana

@Updating-boy
Updating-boy a écrit :Expliquer à une personne qui a des préjugés sur toi me paraît assez bizzare surtout dans une société de plus en plus normative...
Je suis d'accord avec toi sur le diagnostic, mais pas sur la manière d'y réagir. La meilleure manière de conjurer les préjugés, c'est de les verbaliser. Tout le monde a des préjugés sur tout le monde. C'est un dispositif neurologique inconscient. En parler permet souvent d'en sortir, même si ce n'est pas systématique.
Updating-boy a écrit :C'est la raison pour laquelle je me fais douloureusement à l'idée que ca sert plus à rien d'en parler et que vaut mieux que je crève à force de m'avoir sur adapter plutôt que d'avoir été dire partout les quatres vérités aux gens...
Ok, mais moi je n'ai pas envie de crever!
Updating-boy a écrit :Le personne qui est vraiment autiste:on s'en fiche et on la laisse dans son jus.
C'est tout à fait vrai. Mais je vois les choses d'une manière strictement mécanique: c'est l'autisme qui est hors-norme. Que les autistes restent par défaut dans leur jus me semble cohérent. On peut demander des efforts aux gens, mais le primum mobile doit venir de la personne concernée (ou de son entourage si elle n'en est pas capable). Les gens ne sont pas comme nous: c'est bien pour cela que c'est à nous d'apprendre à s'adapter à eux d'abord, et à eux de venir vers nous ensuite. Le rapport inverse serait la négation du processus de normalisation opéré par la société, qui est à mon sens un phénomène neutre, ni positif ni négatif, dont on ne souffre que par ignorance.


@Nana
nana a écrit :il y avait eu un agent opérant: l’absorption d'antibiotique par l'enfant. Puis la conséquence: dérèglement de la flore intestinale, puis effet rétro-agissant sur les "neurones" du cerveau etc. puis comportement socialement affecté durablement.
Les recherches de L. Montagnier tentent de prouver que certaines formes d'autisme (je suis là plus nuancé que lui, ce que je lui reproche) sont dues à des dérèglements dans la flore bactérienne de l'intestin. Ces dérèglements incluent une possible infection par un agent pathogène. La position de Luc Montagnier est que dans ce cas là, les antibiotiques pourraient soigner l'autisme et éradiquant (ou contenant) l'infection.

La piste défendue par L. Montagnier (et d'autres chercheurs) suppose un double mécanisme:
  • Une altération de la flore intestinale, qui conduirait des protéines à passer dans la circulation sanguine avant d'être entièrement dégradées par la digestion. Le sang contiendrait alors des peptides qui n'auraient rien à y faire, et ce sont eux qui, une fois dans le cerveau, induiraient les troubles que l'on connaît.
  • Une perméabilité de la barrière hémato-encéphalique qui permettrait à ces peptides de passer du système circulatoire général à celui du cerveau. Normalement, cette barrière empêche le passage des peptides dans le cerveau. Si elle est altérée, leur passage peut devenir possible.
    D'autres chercheurs pensent que certains peptides parviennent à passer la barrière, même si celle-ci n'est pas altérée, en raison de leur forme proche de certaines enzymes (qui elles ont le droit de passage).
nana a écrit :un livre écrit par le défunt (2011) David Servan-Schreiber intitulé Guérir (2003) à propos du lien miroir entre le ventre et le cerveau.
Le lien entre ventre et cerveau est réel. Le ventre contient 100 millions de neurones interconnectés, disséminés le long du tube digestif, ce qui lui a valu le titre de « deuxième cerveau ».
Je ne conteste pas le lien entre troubles intestinaux et autisme : comme tu l'as rappelé, une majorité d'autistes expérimente ces troubles, pour l'instant inexpliqués. L'hypothèse bactérienne mérite qu'on s'y intéresse.
nana a écrit :A partir de quand la doctrine d'une science cède t-elle à une nouvelle?
Quand la nouvelle est suffisamment étayée pour se substituer à l'ancienne. Plus concrètement, cela suppose que la nouvelle théorie soit éprouvée (abondance d'articles et d'études suivant des protocoles sérieux et reproductibles), mais aussi qu'elle fournisse des outils de compréhension plus efficaces que les précédents.
À l'heure actuelle, concernant l'autisme, il n'y a qu'un seul consensus sérieux : c'est le rôle prépondérant joué par la génétique. De très nombreuses études mettent en évidence des particularismes génétiques liés à l'autisme.
nana a écrit :Bref, savoir quelque chose permet d'agir de manière ciblée sur le "mal". Si mon enfant souffre je veux l'aider à ne plus souffrir. Ce qu'on me propose aide t-il mon enfant à aller mieux ou pas? Si oui, au delà du nom que porte cet agent améliorant, la réalité qui fait que mon enfant est disponible pour lui même et les autres est l'important.
Mais d'autre fois, savoir "la chose" empêche toute avancée.
Je ne peux qu'être d'accord. En conséquence, un traitement qui fonctionne n'a pas besoin de créer de l'ambiguité pour être vendu...


Précisions

Sur les compétences et le prestige

Les recherches menées par l'équipe de L. Montagnier (et un certain nombre d'autres chercheurs) me semblent aussi valables que les autres. Ce qui me dérange profondément, c'est leur communication.

Il est admis par tout le monde que l'autisme est un mot-valise, dans lequel l'on a choisi de faire rentrer des pathologies potentiellement différentes. À une époque, c'était nécessaire pour parvenir à faire le tour de la question. Aujourd'hui, il est nécessaire de sortir de cette acception générique et de caractériser les différentes variantes que cette appellation recouvre. Comment peut-on espérer comprendre l'autisme si on ne sait même pas de quoi l'on parle? L. Montagnier fait exactement l'inverse, parce qu'il a tout intérêt à ce que la confusion perdure. Quand on connaît un peu sa carrière, on se rend compte qu'au-delà de son talent scientifique, c'est un homme qui a toujours eu un sixième sens pour identifier et exploiter les zones d'ombre.

Il y a un travers chez beaucoup de chercheurs: c'est de médiatiser leurs travaux avant qu'ils ne soient vérifiés. L. Montagnier n'y échappe pas. Son hypothèse n'a jamais été validée par ses pairs, et pourtant il se trouve des journalistes pour fabriquer de l'information à partir de données potentiellement erronées. Pire encore: ils manipulent les mots pour faire encore plus tapageur (Cf. « Donc c'est un message d'espoir qu'on peut donner aux parents: est-ce que l'autisme est incurable ? Non, il n'est pas incurable » ).


Sur l'étiologie

Je résume les trois hypothèses les plus sérieuses:

1. Hypothèse purement génétique
Altération de certains gènes impliqués dans la neurogénèse. De récentes études viennent encore appuyer cette hypothèse, qui est pour l'heure la plus prometteuse.

2. Hypothèse infectieuse
Un ou des agents pathogènes infectent l'organisme puis le cerveau, avec des conséquences sur son développement (si le cerveau est en cours de formation) et/ou son fonctionnement (s'il est déjà formé).

3. Hypothèse environnementale
Certaines substances (comme l'aluminium des vaccins, voir à nouveau L. Montagnier) et/ou certains environnements (ondes radio) fragiliseraient la barrière hémato-encéphalique, et permettraient à des agents infectieux ou indésirables (peptides) d'infiltrer l'encéphale.

La majorité des chercheurs procède à des associations: par exemple, Luc Montagnier associe 2 et 3. Le premier reportage dont je parlais faisait la promotion d'une hypothèse basée sur 2 uniquement.
On peut raisonnablement supposer que l'autisme traditionnel ait une origine génétique, et que l'autisme régressif soit une pathologie d'ordre infectieux et/ou environnemental. Dès lors, les deux pathologies ne sont pas les mêmes, et la terminologie ne tient plus qu'en raison de symptômes en partie identiques. Quoi qu'il en soit, tout cela est pour l'instant une affaire d'opinion...


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Солярис
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samoju83
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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par samoju83 »

Dès lors, les deux pathologies ne sont pas les mêmes, et la terminologie ne tient plus qu'en raison de symptômes en partie identiques. Quoi qu'il en soit, tout cela est pour l'instant une affaire d'opinion...

Est ce que l autisme est l'observation de plusieurs comportements caractèristiques donc la cause peut être multiple ?
Est-ce une différence de mode perceptif ?

Pourquoi employer un même mot pour des choses différentes?

Ma fille a eu un retard de developpement constant depuis l enfance elle a un diag d autisme.
Mon fils a eu un developpement ordinaire avec néanmoins un profil sensoriel hors norme depuis bébé, il a ensuite eu une perte des acquis trés marquée a 18 mois.
Son diag est également autisme.

Dans le cas de mes enfants si je commence a envisager ces pistes alors je me dis que la seule constante probable pourrait être un gène qui prédispose mais que le facteur associé déclenchant est différent pour chacun d entre eux étant donné que la forme est différente.

C'est pourquoi j ai toujours choisi de ne m occuper que de l aspect pratique et que finalement chercher la cause ne ferrait que m occuper le cerveau mais ne leur servirait pour l'instant pas vraiment.

( si j ai lu le pavé c est qu il était intéréssant :wink: )


Nathalie LECA ( Parent et Formatrice )
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Kain
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Re: L'autisme régressif porte-t-il bien son nom?

Message par Kain »

Marin a écrit :
Updating-boy a écrit :Le personne qui est vraiment autiste:on s'en fiche et on la laisse dans son jus.
C'est tout à fait vrai. Mais je vois les choses d'une manière strictement mécanique: c'est l'autisme qui est hors-norme. Que les autistes restent par défaut dans leur jus me semble cohérent. On peut demander des efforts aux gens, mais le primum mobile doit venir de la personne concernée (ou de son entourage si elle n'en est pas capable). Les gens ne sont pas comme nous: c'est bien pour cela que c'est à nous d'apprendre à s'adapter à eux d'abord, et à eux de venir vers nous ensuite. Le rapport inverse serait la négation du processus de normalisation opéré par la société, qui est à mon sens un phénomène neutre, ni positif ni négatif, dont on ne souffre que par ignorance.
Une vision bien cynique et étrange des rapports entre personnes s'il en est. Il faudrait déjà définir ce qui est normal, ce qui ne l'est pas et ou se situe la frontière qui sépare les deux. En quoi est'ce que la norme pourrait être l'émanation d'une quelconque justice ensuite? Personne n'est omniscient, un processus de normalisation ne peut pas émaner d'un esprit philanthrope, du moins quand la normalisation devient règle qui punie ceux qui n'y obéissent pas. La normalisation devient alors ou est déjà quelque part en soi uniformisation, autrement dit, on empêche aux personnes d'exprimer leurs véritable natures par un principe stupide qui veut que chacun corresponde a un certain modèle tiré du néant qui ne correspond au fond a strictement personne. Et bien sûre, rien de cohérent et de justifiable dans ce procédé qui nuit a tout le monde, sans forcément que les gens s'en rende compte. On y adhère par convenance même si celle-ci ne crée pas le bonheur au moyen et long terme.

Après chacun fais comme il veut, soumettez-vous par facilité au terrorisme social ou soyez prêt a en baver pour vivre a contre courant mais en restant vous-même. A un moment, il faut arrêter de tendre le cul a des sales types fourvoyés et a une société dont on ne tire aucune joie. Enfin, il y en à a qui ça convient mais on m'emmerdera pas longtemps avec ces c*******.


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